Les Mirepoises

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Les Mirepoises (parfois désignées Mères poises[1]) sont une congrégation religieuse enseignante, fondée à Cahors au XVIIe siècle, qui se consacre à l'éducation des jeunes filles pauvres.

Histoire de la congrégation[modifier | modifier le code]

À partir de 1680, plusieurs ouvrages ont été consacrés à l'éducation des filles en France :

  • Le Traité sur le choix et la méthode des études, de Fleury, en 1685, où un chapitre est consacré à l'éducation des filles[2],
  • De l'éducation des filles, de Fénelon, en 1687[3],
  • Instructions aux Dames de Saint-Louis, de Madame de Maintenon, le [4].

Ces ouvrages d'éducation sont destinées à l'enseignement des filles de familles nobles. Dans le cas de Fénelon, il est alors responsable de la maison des Nouvelles-Catholiques, et participe à une éducation ayant pour but de maintenir dans la foi catholique les jeunes filles et les femmes protestantes nouvellement converties après la Révocation de l'édit de Nantes.

Émergence de l'institution[modifier | modifier le code]

Le marquis de Levis-Mirepoix, gouverneur du Quercy, légua en 1665[5] à sa femme et à l'évêque de Cahors, un immeuble de cette ville (situé no 15 Boulevard Léon-Gambetta) pour y « fonder une institution de religieuses destinées à former des institutrices qui se répandraient dans tout le pays et à instruire gratuitement les filles pauvres »[6]

Avant que les aménagements de cette maison donnée soient terminés, la communauté s'est d'abord installée dans une maison située au no 55 du boulevard Gambetta où on peut voir inscrit sur le linteau de la porte donnant sur la rue Fondue : Deo auxiliant quo virtus jusserit ibo, qui doit être la devise de Françoise de Boissy.

Sa veuve assura la direction de cette institution puis, avant de rejoindre le comté de Foix, la confia à Françoise Jeanne de Boissy.

L’établissement demeura dans ces lieux provisoires en attendant que des aménagements permettent à la communauté enseignante d’entrer dans ses murs en 1678[7].

Naissance de la congrégation[modifier | modifier le code]

En , un édit épiscopal (de Mgr Nicolas de Savin) approuve l'établissement et l'année suivante Louis-Antoine de Noailles, évêque (éphémère) de Cahors, lui donne une constitution et un règlement.

L'établissement, se nomme « Congrégation des demoiselles des écoles chrétiennes et de la charité, dites les Mirepoises »[8].

Dans un mémoire adressé au roi, en 1712, pour être autorisées à recevoir des dons et des legs, elles se nomment Filles de la communauté des Écoles chrétiennes et de la charité de Cahors.

Évolution[modifier | modifier le code]

Congrégation à Cahors[modifier | modifier le code]

Au moment de la Révolution, 11 religieuses, dont 6 consacrées à l'enseignement, y exercent pour 25 pensionnaires. Le , la communauté est supprimée et la ville de Cahors confisque le bâtiment pour y installer un établissement laïque d'enseignement.

En 1804, le conseil municipal de Cahors et les autorités religieuses reprennent à leur compte l'œuvre de Françoise de Boissy, en confiant l’institution et les locaux aux religieuses « des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie », dites les « Dames blanches ».

Elles resteront dans les lieux jusqu’en 1900.

Couvent à Martel[modifier | modifier le code]

Les Mirepoises ouvrent en 1744 un couvent à Martel.

Autres maisons[modifier | modifier le code]

Après la Révocation de l'Édit de Nantes, en 1685, les Mirepoises vont s'installer dans des villes où les communautés protestantes sont fortes comme à Saint-Antonin, en 1702, ou à Caussade, en 1687[9],[10], à Figeac. Des maisons sont déjà ouvertes à la fin du XVIIe siècle à Lauzerte, Cajarc, Caylus, Gourdon, Albas et Saint-Céré.

À la veille de la Révolution, la Congrégation des Écoles chrétiennes ont 14 maisons dans le diocèse de Cahors

Enseignement[modifier | modifier le code]

Les enseignantes[modifier | modifier le code]

Les enseignantes sont nommées filles des Eschollos chrétiennes ("écoles chrétiennes") ou plus communément « sœurs mirepoises ». Elles ne prononcent pas de vœux, ne portent pas d'habit religieux spécial, vivent en communauté et se veulent « fidèles à l’esprit de pauvreté et d’humilité[11] » ; elles enseignent à titre gratuit.

Liste d'enseignantes[modifier | modifier le code]

  • Jeanne d'Escalié[12]

Les élèves[modifier | modifier le code]

La congrégation s'adresse principalement aux jeunes filles pauvres.

À son ouverture, l'école reçoit des pensionnaires de 10 à 15 ans dont le nombre est limité à 20, et des externes dès l'âge de 6 ans.

Liste d'élèves[modifier | modifier le code]

  • Marion de Cazerac, en 1735[12]
  • Annette de Boudres, en 1738[13]

Contenu de l'enseignement[modifier | modifier le code]

Les élèves apprenaient, outre la doctrine chrétienne, les arts manuels ou de pur agrément, la broderie et la danse[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Cf. par exemple Histoire de la vie de l'abbé Jean François Marmiesse écrite par lui même
  2. Claude Fleury, Traité du choix et de la méthode des études, chez ¨Pierre Aubouin/Pierre Émery/Charles Clousier, Paris, 1687, chapitre XXXVI Études des femmes, p. 264-270 (lire en ligne)
  3. François de Fénelon, De l'éducation des filles, dixième édition, texte collationné sur l'édition de 1687, avec une introduction et des notes pédagogiques et explicatives, à l'usage des institutrices et des instituteurs, par Charles Defodon, Librairie Hachette et Cie, Paris, 1909 (lire en ligne)
  4. Madame de Maintenon,, Lettres et entretiens sur l'éducation des filles, recueillis et pibliés pour la première fois par Théophile Lavallée, deuxième édition, Charpentier libraire-éditeur, Paris, 1861, tome 1, 9- Instructions aux Dames de Saint-Louis, p. 17-22 (lire en ligne)
  5. Guy Astoul, Les chemins du savoir en Quercy et Rouergue à l'époque moderne. Alphabétisation et apprentissages culturels, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 1999, p. 101-104, 207, 209320, (ISBN 2-85816-456-8) (extraits)
  6. J. Daymard, Le Vieux Cahors. Son étude archéologique a montré qu'il comprend des vestiges d'habitations remontant au XIIIe et XIVe siècles.
  7. « Histo », sur pagesperso-orange.fr (consulté le ).
  8. Eugène Sol, L'Église de Cahors à l'époque moderne, Beauchesne, Paris, 1947
  9. Firmin Galabert, Louis Boscus, La Ville de Caussade, Tarn-et-Garonne : ses vicomtes et ses barons, G. Forestie imprimeur, Montauban, 1908, p. 179, 200-201, 241, 327,337 (lire en ligne)
  10. Guy Astoul, op. cité, p. 103-104.
  11. « Lavelanet, Pamiers & Mirepoix au temps des Réformes – 12e journée d’hiver de l’histoire locale de Mirepoix », sur La dormeuse blogue, (consulté le ).
  12. a et b Livre de Raison de la famille de Boysson,
  13. Livre de Raison de la famille de Boysson,
  14. E. Sol, op.cit.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Abbé Eugène Sol, Les Maisons religieuses du Quercy à la veille de la Révolution, dans Revue Mabillon, avril-, p. 138, 139, 140, 141, 156 (lire en ligne)
  • Abbé Taillefer, Les Mirepoises (1665-1793), dans Bulletin archéologique historique et artistique de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, tome 64, 1936, p. 59-68 (lire en ligne)
  • Jean Secret, À propos des Mirepoises de Sarlat (Dordogne) : les Dames de la Foi en Périgord, dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, tome 92, 1965, p. 49-52

Articles connexes[modifier | modifier le code]