Lorena Borjas

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Lorena Borjas
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 59 ans)
Coney Island Hospital (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
américaine (à partir de )
mexicaine (?)Voir et modifier les données sur Wikidata
Domicile
Activités
Période d'activité
à partir de Voir et modifier les données sur Wikidata

Lorena Borjas ( - ) est une militante mexicano-américaine des droits des immigrants et des personnes trans, connue comme une figure majeure de la communauté trans du Queens. Son travail au nom des communautés d'immigrants et de personnes transgenres est reconnu à New York et aux États-Unis[1].

Jeunesse[modifier | modifier le code]

En 1960, Lorena Borjas est née à Veracruz, au Mexique. À dix-sept ans, elle s'enfuit de chez elle et vit dans les rues de Mexico[2]. Elle y étudie ensuite la comptabilité[3].

Émigration aux États-Unis[modifier | modifier le code]

En 1981, Borjas émigre aux États-Unis à l'âge de vingt ans, dans l'espoir d'obtenir une hormonothérapie et de transitionner. Durant cette période, elle partage un appartement[4] avec 20 femmes transgenres qui se prostituent. Elle commence par aider les femmes trans mexicaines avant d'apporter son soutien à toutes les femmes trans d'Amérique latine. Comme elle l'a expliqué :

« Nous étions des femmes sans famille et qui avions fui nos pays, persécutées pour avoir exprimé notre identité pour devenir nous-mêmes. Ici, à New York, nous n'avions pas la vie et la liberté dont nous rêvions. Nous avons également subi des violences et des abus. À cette époque, c'était un véritable crime d'être une immigrante transgenre de couleur[4] »

En 1986, Lorena Borjas obtient l'asile, en vertu de la loi de 1986 sur la réforme et le contrôle de l'immigration[5], puis sa carte verte. Mais dans les années 1990, elle devient dépendante au crack et se livre à une prostitution risquée jusqu'à tomber dans un trafic sexuel. Elle est arrêtée à plusieurs reprises au cours de cette période, ce qui la rend inéligible au renouvellement de son permis de séjour. À la fin des années 1990, elle échappe à une relation abusive et surmonte sa toxicomanie[2]. En reconnaissance de son activisme communautaire, le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, lui accorde une grâce en 2017, rétablissant son statut d'immigrante légale. Elle obtient la nationalité américaine en 2019[6].

Activisme[modifier | modifier le code]

En 1995, Borjas décide de faire de l'activisme l'œuvre de sa vie[4]. Pendant des décennies, elle travaille pour protéger les victimes trans de la traite des êtres humains, de l'esclavage et de la violence. Elle accueille des femmes mises à l'écart de leur famille dans son propre appartement jusqu'à ce qu'elles soient en mesure de subvenir à leurs besoins. Elle fournit des préservatifs et de la nourriture aux travailleuses du sexe. Séropositive, elle a vu nombre de ses amis décéder du VIH[2]. Elle crée une clinique de dépistage du VIH à son domicile et instaure un programme d'échange de seringues pour les personnes voulant transitionner. En 1995, elle organise sa première marche pour soutenir la communauté trans. Comme en témoigne Cecilia Gentili, une amie et militante trans :

« Besoin d'un avocat ? Médecin ? Logement ? Travail ? Elle était là. Lorena Borjas était cette personne que vous appeliez à trois heures du matin, si vous vous faisiez arrêter, et qui répondait. Le matin, elle se présentait au tribunal avec un avocat pour vous faire sortir de prison[1] »

Borjas s'implique dans des organisations locales à but non lucratif. Elle s'investit dans le Sylvia Rivera Law Project sur les questions d'immigration et de justice pénale[5]. Avec Chase Strangio, elle fonde le Lorena Borjas Community Fund, qui fournit une assistance sous caution aux accusés LGBT. Elle devient conseillère pour le programme Transgender Family du Community Healthcare Network (en), où elle œuvre pour l'aide juridique aux victimes de la traite des êtres humains.

Comme elle n'est pas rémunérée pour son activisme, elle subvient à ses besoins grâce à divers emplois, notamment des séances de conseil, des activités de sensibilisation communautaire, des entretiens occasionnels et le nettoyage de maisons[2].

Pendant la pandémie de Covid-19, Borjas crée un fonds d'aide mutuelle, via GoFundMe, pour aider les personnes trans touchées par la crise économique[7].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Pour son activisme et son soutien à sa communauté, Borjas obtient les honneurs de l'ancien maire David Dinkins, de la procureure générale de New York, Letitia James, et de la procureure du district de Queens, Melinda Katz. En 2019, elle est nommée New York Woman of distinction par le Sénat de l'État[8]. Après sa mort, Francisco Moya, membre du Conseil de la ville de New York, annonce son intention de renommer une rue de son quartier en son honneur.

Décès[modifier | modifier le code]

Lorena Borjas décède à l'hôpital de Coney Island le 30 mars 2020[5] âgée de 59 ans, des complications du COVID-19. Elle reçoit des hommages de nombreuses personnalités publiques, dont Chase Strangio[4], Alexandria Ocasio-Cortez[9], Letitia James, Corey Johnson et Monica Roberts. Un service funèbre est organisé par des amis et des proches via Zoom, en raison de restrictions sociales, avec environ 250 personnes présentes[2].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en-US) « Beloved Queens-based trans advocate Lorena Borjas dies of coronavirus » [archive du ], QNS.com (consulté le )
  2. a b c d et e (en) Masha Gessen, « Remembering Lorena Borjas, the Mother of a Trans Latinx Community » [archive du ], The New Yorker (consulté le )
  3. (es) « BIO - Lorena Borjas » (consulté le )
  4. a b c et d (en) Wren Sanders, « Lorena Borjas, Mother of Queens' Trans Latinx Community, Has Died Due to Coronavirus » [archive du ], them. (consulté le )
  5. a b et c (en) Harmeet Kaur, « Lorena Borjas, a transgender Latina activist who fought for immigrants and sex workers, has died of Covid-19 » [archive du ], CNN (consulté le )
  6. (en-US) Daniel E. Slotnik, « Lorena Borjas, Transgender Immigrant Activist, Dies at 59 », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) « Beloved NYC Transgender Advocate Lorena Borjas Dies After Contracting COVID-19 » [archive du ], Democracy Now! (consulté le )
  8. (en) Victoria Merlino, « Queens honors trailblazing transgender activist who died of covid-19 », Queens Eagle,‎ (lire en ligne)
  9. (en-US) « Lorena Borjas, Pioneering Transgender Latina Activist in NYC, Dies From COVID-19 » [archive du ], NBC New York (consulté le )