María Lourdes Afiuni

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María Lourdes Afiuni
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Biographie
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María Lourdes Afiuni Mora est une vénézuélienne de 46 ans en , responsable de la 31e cour de Caracas après avoir été juge pendant huit ans[1]. Le , elle a été accusée de corruption et arrêtée après avoir ordonné la relaxe sous caution de l'homme d'affaires Eligio Cedeño[2], elle est toujours en attente de son jugement[3]. Des groupes de défense des droits de l'homme accusent le président Hugo Chávez de créer un climat de peur qui menace l'indépendance de la justice[4].

Arrestation[modifier | modifier le code]

Elle fut arrêtée par des officiers du renseignement, le SEBIN, après le procès pour acquisition frauduleuse de devises étrangères, contrebande aggravée et détournement des ressources financières d'une banque[5],[6],[7]. D'après l'ONU, elle a été inculpée de corruption, complicité d'évasion, association de malfaiteur et abus de pouvoir; puis privée d'avocat[8]. Un membre du congrès pro-Chavez a déclaré qu'elle a été corrompue, ce qu'elle a nié[2].

Afiuni dit qu'elle suivait les recommandations des Nations unies quand elle a relâché Cedeño, détenu plus longtemps que permis par la loi vénézuelienne[9],[10] Il était emprisonné depuis trois ans dans l'attente d'un jugement, alors que la loi vénézuelienne prescrit un maximum de deux ans de détention provisoire[6]. Le jugement préliminaire a été retardé plusieurs fois car les procureurs ne s'étaient pas présentés au tribunal[11].

L'avocat général Carlos Escarrá a indiqué que son arrestation faisait suite à une audience, enregistrée sur les caméras de surveillance du tribunal, où elle avait été chercher les huissiers et dicté une décision à huis clos sans avoir convoqué le ministère public, ce qui est interdit par l'article 86 du code de procédure pénale vénézuélien. L'homme d'affaires était ensuite reparti du tribunal par un ascenseur réservé aux juges[12]

Détention[modifier | modifier le code]

María Lourdes Afiuni fut incarcérée le à l'institut national d'orientation féminine, une prison de femmes dans les environs de Caracas. Sa cellule est proche de personnes qu'elle a condamnées, et elle s'est plainte d'avoir reçu des menaces de mort[13]. En réponse à des inquiétudes sur sa vie, les autorités vénézuéliennes ont annoncé, le , qu'elle était détenue à l'écart de la population carcérale[14],[15],[16].

En , le procureur inculpa Afiuni pour des irrégularités dans la relaxe de Eligio Cedeño[17]. Son procès a été ajourné plusieurs fois[2].

Réactions[modifier | modifier le code]

Le président Hugo Chávez, parlant d'un « bandit », s'est félicité de son arrestation, et a dit qu'elle devrait être emprisonnée pour 30 ans[18]. Il a aussi raconté qu'elle aurait été corrompue, et que Simón Bolívar l'aurait fusillée[19]. Le barreau de Caracas soutient que la décision de la juge de libérer Cedeño était légale, bien que le gouvernement considère qu'il n'était pas convenable de libérer le prévenu sans procureur présent à l'audience[20].

Plusieurs ONG se sont inquiétées de l'arrestation du juge Afiuni. En , trois experts du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme ont appelé à sa relaxe immédiate et sans conditions[8],[21]. En , la Commission interaméricaine des droits de l'homme a publié une mesure de protection en faveur de Maria Lourdes Afiuni[22]. Les autres groupes qui s'élèvent contre l'arrestation incluent la Conférence épiscopale vénézuélienne[23], Human Rights Watch[6], le département d'État des États-Unis[24], et la Law Society of England and Wales[25]. Un directeur de Human Rights Watch a dit : « une fois encore, le gouvernement Chavez a démontré son mépris fondamental de la séparation des pouvoirs[13]. »

Le , le parlement européen a déclaré qu'il « condamne les déclarations publiques du président de la République du Venezuela, insultant et dénigrant la juge, exigeant une sentence maximum et demandant une modification de la loi pour pouvoir imposer une peine plus sévère, considère que ces déclarations aggravent les circonstances de sa détention et constituent une attaque de l'indépendance de la justice par le président de la nation, qui devrait être son premier garant[26]. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « Moción contra Venezuela », Notitarde, (consulté le ).
  2. a b et c (en) Alonso, Juan Francisco, « Human rights groups denounce in OAS flaws in Venezuela's justice system », El Universal, (consulté le ).
  3. « L’ONU demande au Venezuela la libération de la juge Afiuni, emprisonnée par Hugo Chavez », Le Monde, .
  4. (en) « Le gouvernement vénézuélien prend délibérément pour cibles les opposants », Amnesty International, (consulté le ).
  5. « Le Venezuela a demandé l'extradition du fugitif US Banker », Republica Bolivariana Venezuela.
  6. a b et c (en) « Rights group says Caracas attacks judicial freedom », The Washington Post, (consulté le ).
  7. (en) Romero, Simon, « Criticism of Chávez Stifled by Arrests », The New York Times, (consulté le ).
  8. a et b (en) « Venezuelan leader violates independence of judiciary—UN rights experts », UN News Centre, (consulté le ).
  9. (en) Carroll, Rory, « UN human rights panel accuses Chávez of undermining Venezuelan judges: Experts criticise president after judge charged with criminal conspiracy », guardian.co.uk, (consulté le ).
  10. (es) « HRW: Detención de Afiuni amenaza independencia judicial de Venezuela », El Universal, (consulté le ).
  11. (en) « Cedeno Trial Postponed for Fourth Time in a Month », PRNewswire, Findlaw.com, (consulté le ).
  12. (es) « Conducta de jueza Afiuni Mora quedó registrada en videos del tribunal », Correo del Orinoco, (consulté le ).
  13. a et b (en) « Rights Group Says Caracas Attacks Judicial Freedom », The New York Times, (consulté le ).
  14. (en) « Venezuela Says Prison Conditions 'Adequate' For Jailed Judge », Wall Street Journal, .
  15. (es) « Fiscalía sostiene que condiciones de reclusión de jueza Afiuni 'son las adecuadas' », El Nacional, (consulté le ).
  16. (es) « ONG exige traslado de la jueza Afiuni a otro sitio de reclusión », El Nacional, (consulté le ).
  17. (es) « Ministerio Público acusó a la jueza Afiuni por darle libertad a Cedeño », El Universal, (consulté le )
  18. (en) « Venezuela's Chavez Criticized Over Hasty Arrest Of Judge », Wall Street Journal.
  19. (en) Carroll, Rory, « Hugo Chávez demands jailing of judge who freed banker: Venezuelan president calls for María Afiuni to 'pay' for release of Eligio Cedeño, who was facing corruption charges », guardian.co.uk, (consulté le ).
  20. (en) « Venezuelan banker halted in Miami, seeks asylum », Business Week.
  21. (en) « U.N. criticizes Venezuela's President Chavez for judge's arrest », LA Times, (consulté le ).
  22. (es) « TSJ suspende sin goce de sueldo a Afiuni » [archive du ], Noticia al Dia, (consulté le ).
  23. (es) « Conferencia Episcopal llama al diálogo y deplora agresiones », El Nacional, (consulté le ).
  24. (es) « EE.UU. advierte a Chávez que respete los DD.HH. y la libertad de expresión », La Nacion, (consulté le ).
  25. (en) « Vietnamese lawyer escapes death sentence », Law Society of England and Wales, (consulté le ).
  26. (en) « European Parliament resolution of 8 July 2010 on Venezuela, in particular the case of Maria Lourdes Afiuni » [« Résolution du Parlement européen du sur le Venezuela, et en particulier sur le cas de Maria Lourdes Afiuni »], sur europarl.europa.eu (consulté le ) : « Condemns the public statements made by the President of the Republic of Venezuela, insulting and denigrating the judge, demanding a maximum sentence and requesting a modification of the law to enable a more severe penalty to be imposed; considers that these statements are aggravating the circumstances of her detention and constitute an attack on the independence of the judiciary by the President of a nation, who should be its first guarantor. »

Liens externes[modifier | modifier le code]