Maurice Feder

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Maurice Feder
Fonctions
Prêtre et pédagogue
Biographie
Naissance
Décès
(à 88 ans)
Nancy,
Drapeau de la France France
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
Personne liée

Maurice Feder (1912-2000) est un prêtre du diocèse de Nancy. Chef d’établissement de l’enseignement secondaire, professeur de grec, il fut l’un des principaux disciples de Pierre Faure. Il est surtout connu par sa réalisation d’un « collège sans classe » où il a utilisé avec succès les méthodes d’un enseignement personnalisé et communautaire.

Biographie[modifier | modifier le code]

Maurice Feder est né le à Nancy. Il appartenait à une fratrie de 5 garçons, dont 4, y compris lui-même, furent prêtres[1],[2]. Il effectua toutes ses études à l’école Saint-Sigisbert[3], l’une des plus réputées de Nancy, où il exercera plus tard comme professeur une fois obtenue sa licence de Lettres classiques, puis pendant 11 ans comme directeur. Après des études au séminaire de Bosserville, il fut ordonné prêtre en 1935. Dans un premier temps, Il effectua un remplacement dans une paroisse ouvrière, à Joudreville.

Officier de réserve chez les chasseurs à pied, il participa à la guerre de 1939-40 en tant que commandant de section. Puis il entra dans la Résistance, menant en Haute-Marne des actions téméraires contre l’occupant rendu nerveux par l’avance des alliés[4]. De 1951 à 1954, il fut aumônier militaire en Indochine. Il obtint deux citations et fut élevé au grade de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur à titre militaire.

Après Dien-Bien-Phu, il revint en France pour se consacrer exclusivement aux jeunes et à l’éducation. Il fut d’abord directeur d’un collège à Chartres pendant deux ans. Puis, pendant 11 ans, Maurice Feder fut directeur de l’école St Sigisbert à Nancy. Il s’est fortement engagé pour introduire dans l’enseignement libre des contrats avec l’État[5]. Il commença à développer les méthodes actives préconisées par Pierre Faure. À cette époque, il occupa également des fonctions nationales dans l’enseignement catholique en devenant secrétaire général du Syndicat national des chefs d’établissements d’enseignement libres (SNCEEL)[6].

En 1967, Maurice Feder fut nommé directeur d’une des écoles les plus pauvres de son diocèse à Longwy, à la frontière belge et luxembourgeoise. Il fit de cette école un haut-lieu de la pédagogie en mettant en œuvre, de manière très concrète, l’enseignement personnalisé et communautaire, avec suppression des classes et des cours magistraux au profit d’ateliers et de salles de travail personnalisé. Personne jusque-là n’avait poussé aussi loin les idées de Pierre Faure[7]. Mais, parallèlement à ses fonctions de direction, sa formation universitaire en Lettres classiques avait fait de lui un humaniste passionné de la langue et de la culture grecques. Pendant des années, il organisa des voyages en Grèce pour une quarantaine de jeunes chaque été. Ce fut le dernier volet de sa vie active.

De 1974 à 1984, il se retira à Angers et devint conseiller pédagogique de l’AIRAP, Association Internationale de Recherche et d’Animation Pédagogiques[8]. Il organisa des sessions de formation pédagogique ou des visites d’écoles en France et à l’étranger, notamment en Tunisie, en Belgique, au Canada et en Inde.

Il revint ensuite à Nancy habitant d’abord seul dans un petit appartement, puis, son état de santé s’aggravant, dans une maison de retraite pour prêtres âgés. Il a alors écrit un ouvrage intitulé « Un autre collège, un collège autre » qui rassemble des écrits sur sa conception de l’enseignement au lendemain de la crise de 1968. Il s’est éteint le 7 juin 2000[9].

Personnalité[modifier | modifier le code]

Tout au long de sa vie, Maurice Feder fut au service de l’Église. Il était aussi traditionnel sur la théologie, pensant qu’en catéchèse, il n’y avait pas de recherche à mener, mais un enseignement d’autorité à donner[10][source insuffisante].

Expérience d’un collège sans classe[modifier | modifier le code]

L’École Secondaire Privée de Longwy, où Maurice Feder a été nommé directeur, fonctionnait mal. Beaucoup d’élèves étaient en difficulté. Dans cette cité ouvrière peuplée de nombreux travailleurs émigrés, beaucoup de familles étaient pauvres et parlaient peu ou mal le français. Pour Maurice Feder, le système officiel de l’Éducation nationale ne convenait pas. L’école étant sous contrat d’association avec l’État, Il a demandé au Rectorat la liberté des horaires, des programmes, et des méthodes et il a obtenu satisfaction. L’expérience pouvait donc commencer.

Il a alors mis en œuvre les méthodes préconisées par Pierre Faure[11][source insuffisante] . Il a supprimé les classes pour les remplacer par des salles de travail spécialisées. Les jeunes pouvaient choisir librement les matières et les exercices de leur niveau. Ils pouvaient consulter les livres dont ils avaient besoin, les camarades compétents ou le maître présent. Les seules matières obligatoires étaient le français, les mathématiques et… l’éducation physique. Les autres matières étaient facultatives. Les professeurs étaient présents toute la journée, à la disposition de ceux qui avaient besoin d’eux. Il n’y avait plus de cours magistraux. Les enseignants étaient là pour guider les élèves dans leurs choix, les aider à progresser et procéder, lorsque c’était nécessaire, à des contrôles ou à des évaluations.

Chaque jour, en fin de travail personnalisé, les élèves se retrouvaient par âge et par 25 au maximum en « conseil d’animation » sous la responsabilité d’un professeur principal. Ils pouvaient échanger sur leurs méthodes de travail, leurs succès, leurs difficultés. C’était aussi l’occasion de partager les responsabilités pour la bonne marche de leur groupe ou de leur école. Enfin Maurice Feder organisait pour tous les élèves et tous les adultes de l’établissement, enseignants et personnels de service, une « Assemblée quotidienne », évoquant la démocratie directe de l’antique Athènes[12][source insuffisante] . N’importe qui, jeune ou adulte, pouvait prendre la parole et tous les sujets étaient permis. Chacun se sentait pris au sérieux et considéré. Les résultats ne se firent pas attendre. Le climat de l’école s’est trouvé transformé. On y trouvait des enfants que le travail scolaire passionnait et des enseignants enthousiastes.[réf. nécessaire] La réussite aux examens officiels s’était nettement améliorée[13] . Depuis, d’autres collèges en France et dans plusieurs pays, notamment en Amérique Latine, fonctionnent sur ce même modèle[14],[15][source insuffisante].

Conception de l’enseignement du grec[modifier | modifier le code]

Maurice Feder, brillant helléniste, a toujours tenu à enseigner le grec même lorsqu’il était déjà fort occupé par la direction d’écoles. Pour lui, le grec est la source de notre[Qui ?] pensée, de notre culture et de notre civilisation. La place qui lui est réservée dans l’enseignement secondaire lui parait dérisoire.

C’est pourquoi, tous les ans, Maurice Feder emmenait un groupe d’élèves hellénistes en Grèce. Il a ainsi entrepris une cinquantaine de voyages dans la péninsule. Près de deux mille élèves de France et souvent lorrains ont profité de ces séjours, visitant la Grèce pour la découvrir sous tous ces aspects.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ses livres[modifier | modifier le code]

  • Un collège sans classe ça existe, Editions ESF 1980, 111 p.
  • Un autre collège, un collège autre, Dynado copie, 1998, 201 p.

Principaux articles[modifier | modifier le code]

Dans la revue « Pédagogie » :

  • Le grec, un mort à la vie dure, no 1,1966 p. 920-923.
  • Langue morte ou ancienne ? no 5, 1970 p. 411-413.
  • Matières obligatoires, matières à option : est-ce possible ? no 1, 1972 p. 63.
  • Écoles sans classes, professeur sans chaire, no 1,1972, p. 66.
  • Le besoin de sécurité, no 1, 1972 p. 80.
  • L’école secondaire de Longwy, no 6, 1972 p. 511.

Dans le bulletin de l’AIRAP, « Recherche et animation Pédagogiques » :

  • Notre enseignement à Longwy, no 1, 1971, p. 4-7.
  • Exigences sans contraintes, no 5, 1973, p. 3-6.
  • Une expérience-pilote : Longwy, no 7, 1973, p. 19-23.
  • 10% pourquoi ? , no 12,1974, p. 1.
  • Liberté , no 13, 1975, p. 1.
  • Accueil, no 14, 1975, p. 1.
  • Magnanimité » no 15, 1975, p. 1.
  • Promotion de la personne » no 16, 1975, p. 1.
  • Révision déchirante » no 17, 1976, p. 1.
  • Il y a de l’ordre, no 18, 1976,p. 1-2.
  • L’enseignement personnalisé dans le secondaire, no 18, 1976, p. 1 – 2 – 15,17.
  • Instruments de travail, no 20, 1976 p. 12.
  • Actualité de l’enseignement personnalisé, no 21,1977, p. 9-10.
  • La notation dans le système scolaire français, no 21, 1977, p. 1-13.
  • Le chahut, no 22 1977, p. 1-2.
  • Expériences originales dans le secondaire no 22, 1977, p. 16-17.
  • L’école du libre progrès à Pondichéry no 23, 1977,p. 19-21.
  • Jardinier no 24, 1977, p. 1-4
  • En vacances aussi no 25, 1978, p. 1
  • La grande illusion, Responsabilités no 27, 1978, p. 1 - 13.
  • Faire classe, no 28, 1978, p. 1.
  • Le travail à la maison, Les dossiers no 30 p. 1, 9-10.
  • Le maître isolé, no 32,1979 p. 1.
  • Signalisation, no 33, p. 6-8.
  • La mixité, no 34, p. 1- 12,14.
  • Et communautaire, no 35, 1980 p. 1.
  • Éducation communautaire, no 37, 1980, p. 1, 9-12.
  • L’assemblée du peuple no 46, 1983 p. 21.
  • On a le temps no 63, 2000 p. 11.

Dans la revue de l’enseignement chrétien : Une mort en sursis : le grec, no 5, 1971 p. 7-8.

Dans la revue « Parents et maitres » : École sans classes, professeur sans chaire, no 74, 1973.

Dans la revue « Orientations » : Une école sans classe, no 45, 1973 p. 103-111.

Dans la revue « Revista de Educacion » (Madrid) : Una experiencie piloto. Longwy, no 247 1976, p. 40-51.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. José Feder (1917-1989) était un jésuite spécialiste de liturgie, auteur de plusieurs ouvrages notamment du Missel quotidien des fidèles qui est appelé le « Feder ». Voir « La typologie indicative des missels : Le « Feder » », Association des amis de la Bibliothèque Diocésaine de Nancy. Voir aussi « José Feder sur le site de Bibliothèque nationale de France ».
  2. Bernard Feder était le seul à ne pas être prêtre et fut résistant, officier de la Légion d’honneur et adjoint au maire de Nancy pendant 24 ans. cf. « L’Est Républicain » du 11 septembre 1999.
  3. L’école St Sigisbert devait devenir en 1991 le Lycée Notre-Dame Saint-Sigisbert
  4. Cf la relation qu’en fait Jean Thomas dans le bulletin des « Anciens de Sigis-La Malgrange » https://malgrangesigis-alumni.fr/la-crete-1944 ainsi que l’un de ses proches amis, François Chenique, professeur à Sciences-Po Paris
  5. Publiée le 31 décembre 1959, la loi Debré contractualise les rapports entre l’État et les établissements privés de manière à garantir la liberté d’enseignement. Maurice Feder a fortement soutenu l’instauration de contrats d’association avec l’État mais à condition d’utiliser la possibilité de dérogations en raison de « l’intérêt présenté par une expérience pédagogique ». Ce qu’il n’a pas manqué de faire à Nancy et plus tard à Longwy.
  6. Ce syndicat (SNCEEL) est une organisation professionnelle qui regroupe 2000 chefs d’établissements des premiers et seconds degrés de l’enseignement libre. https://www.snceel.org/qu-est-ce-que-le-snceel/
  7. Le journal « Le Monde » du 28 juin 1974 a relaté l’expérience à Longwy d’une école sans classe ainsi que « L’Est Républicain » sous le titre : « L’enseignement à la carte ou… l’école appartient aux élèves ».
  8. L’AIRAP a été fondée en 1971 par des disciples de Pierre Faure, notamment Maurice Feder, qui souhaitaient valoriser et pérenniser son œuvre. Cf l’article de Jean Marie Diem dans la revue en ligne « Educacio » : http://revue-educatio.eu/wp/2013/11/30/un-mouvement-pedagogique-pour-aujourdhui-lairap/ . Cette association existe toujours aujourd’hui, mais d’autres organisations ou associations ont été créées depuis telles que « l’Association Louis Beaulieu » en France ou les Instituts « Pierre Faure » et « America » au Mexique.
  9. On trouvera une notice sur Maurice Feder dans le « Dictionnaire historique de l’éducation chrétienne d’expression française », Editions Don Bosco, 2001 p. 273-274. En outre, les éléments biographiques proviennent essentiellement de l’hommage rendu par Jean Marie Diem et le Père François Dor, lors de ses obsèques, paru dans « Recherche et animation pédagogiques » no 63, juillet 2000 p. 5-8 ainsi que d’un article de l’Est Républicain du 20 juin 2000.
  10. Ce texte reprend des extraits de l’hommage rendu par le Père François Dor, ancien professeur d’histoire-géographie à l’école St Sigisbert aux obsèques de Maurice Feder. On y trouve aussi le testament spirituel de Maurice Feder, écrit une dizaine d’années avant sa mort.
  11. Pour plus d’information, on peut se référer aux ouvrages de Pierre Faure, « Un enseignement personnalisé et communautaire », rééditions Artège, 2019 et de Jean Marie Diem, « Pédagogie personnalisée », Editions Don Bosco 2010.
  12. On trouvera une présentation plus détaillée de ces assemblées quotidiennes dans un article de Maurice Feder in « Recherche et animation Pédagogiques » no 46, 1983 p. 21
  13. Dans son livre « L’École d’hier à demain ». Ed. Eres 1991, le professeur Guy Avanzini souligne « les efforts de personnalisation de l’enseignement de Pierre Faure et de Maurice Feder dont le mérite est d’avoir démontré que c’était possible et efficace », p. 66.
  14. Ainsi Anne Marie Cordin raconte comment, à la suite de sa rencontre avec Maurice Feder, elle a transformé l’établissement dont elle était Directrice à Langon : http://ekladata.com/DU7CJoHmh8kt9i81pvg7cmTGP98/lettre-N-6.pdf . De même Philippe Merieux relate la manière dont le collège Saint Louis de la Guillotière s’est inspiré de l’expérience de Maurice Feder pour mettre en place, avec quelques variantes, une pédagogie différenciée : https://www.meirieu.com/MANIFESTESETPROPOSITIONS/collegesaintlouis.pdf
  15. Maurice Feder a décrit son expérience dans un livre intitulé « un collège sans classe, ça existe », paru en 1980 aux Editions ESF. Dans la présentation de ce livre, l’éditeur indique qu’on y trouve « un tissu d’anecdotes pittoresques, de réactions primesautières, de traits acérés. La bonhomie du ton provoque la réflexion, la ferveur, la malice, l’ironie et traduit une conviction tranquille… »