Michel Ahouanmènou

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Michel Ahouanmènou
Fonctions
Ministre des Affaires étrangères

(1 an, 2 mois et 22 jours)
Président Hubert Maga
Prédécesseur Daouda Badarou
Successeur Michel Alladaye
Ambassadeur du Dahomey en France

(4 ans, 4 mois et 13 jours)
Prédécesseur Émile Poisson
Successeur Daouda Badarou
Ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports

(2 ans, 11 mois et 25 jours)
Président Hubert Maga
Successeur Justin Ahomadegbé
Secrétaire d'État à la Jeunesse et au Sport

(10 mois et 1 jour)
Premier ministre Hubert Maga
Sénateur français

(1 an, 10 mois et 14 jours)
Président Charles de Gaulle
Grand conseiller de l'AOF

(1 an, 10 mois et 21 jours)
Conseiller général puis Député

(17 ans et 14 jours)
Élection Législative
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Porto-Novo (Dahomey)
Date de décès (à 59 ans)
Nationalité Béninoise
Parti politique UDP
PRD
Diplômé de École normale William-Ponty
Profession Instituteur, administrateur de société
Distinctions Commandeur de l'ordre national du Dahomey (1962)
Grand officier de l'ordre national du Dahomey (1967)

Signature de Michel Ahouanmènou

Michel Ahouanmènou, né le à Porto-Novo au Dahomey (actuel Bénin) et mort le , est un instituteur, inspecteur de l'Enseignement primaire, homme politique et diplomate béninois.

Biographie[modifier | modifier le code]

Études et carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Michel Ahouanmènou est issu d'une famille influente de Porto-Novo ; il y naît le [1]. Il intègre l'École normale William-Ponty au Sénégal, établissement réputé pour former la future élite d'Afrique-Occidentale française (AOF)[n 1],[2]. Il en sort avec un diplôme d'instituteur.

De retour au Dahomey, il entame une carrière dans la fonction publique durant laquelle il est notamment instituteur à Kandi[3], puis inspecteur de l'Enseignement primaire[4].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

En parallèle de sa carrière d'enseignant, Michel Ahouanmènou se lance en politique. Sur la liste de l'Union progressiste dahoméenne, il se présente à la première élection territoriale du pays, dans la circonscription de Porto-Novo et est élu au Conseil général, au second collège, le . Candidat élu aux élections territoriales puis législatives suivantes, il est conseiller territorial puis député de Porto-Novo jusqu'en [5],[6]. En tant que membre du Parti républicain dahoméen (PRD), il est président du groupe parlementaire de son parti à l'Assemblée législative d' à [6].

Michel Ahouanmènou enchaîne avec succès les différentes élections auxquelles il se présente ; il est élu, le , aux élections des représentants du territoire[n 2] et intègre le Grand Conseil de l'AOF à Dakar. Il y siège jusqu'en avril 1959[7]. Il est également élu sénateur de la Communauté française le [8]. Au palais du Luxembourg, il s'inscrit au groupe de l'Alliance pour l'Unité de la Communauté et Gauche démocratique[9] en compagnie de Justin Ahomadegbé, Chabi Mama, Francis-Marius Covi et Gabriel Lozès. Durant son mandat, il est membre de la commission du règlement et de la commission des traités, accords internationaux et des problèmes de défense commune[8]. Il occupe cette fonction jusqu'au , date à laquelle Michel Debré, premier ministre français, met fin aux mandats des sénateurs de la communauté[n 3],[10].

Hubert Maga, premier ministre[n 4], l'intègre dans son gouvernement, le , en tant que secrétaire d'État à la Jeunesse et au Sport[11]. Il devient ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports le [12] et le demeure jusqu'au , lorsque le colonel Christophe Soglo s'empare du pouvoir après un coup d'État[13],[14]. Une fois le pouvoir rendu aux civils en , Sourou Migan Apithy devient président de la République et prend Michel Ahouanmènou comme directeur de cabinet[1]. Mais l'expérience tourne court car des conflits internes au gouvernement contraignent Sourou Migan Apithy à démissionner de son poste le .

Le , le général Soglo[n 5] réalise un nouveau coup d'État et se replace à la tête du gouvernement. Michel Ahouanmènou retrouve un poste et est nommé directeur de la Jeunesse et des Sports le [15]. Le , il remplace Émile Poisson en tant qu'ambassadeur en France[16],[17]. Il est aussi le représentant du Dahomey auprès de la Grande-Bretagne et de l'Italie[18]. Le Dahomey est politiquement instable et malgré les chefs d'État qui se succèdent au cours des années suivantes, Michel Ahouanmènou conserve sa fonction d'ambassadeur.

Hubert Maga est élu président du Conseil présidentiel en et lors d'un remaniement ministériel, il rappelle Michel Ahouanmènou au Dahomey et le nomme, le , ministre des Affaires étrangères en remplacement de Daouda Badarou[19]. Ce dernier, faisant le chemin inverse, est envoyé à Paris comme ambassadeur du Dahomey[20].

Le ministre contribue à l'arrivée de la télévision au Dahomey grâce à une convention signée avec la France en . Cet accord prévoit une aide financière d'un montant de 320 millions francs CFA pour la construction d'un bâtiment de production et d'une tour de transmission à Abomey-Calavi couvrant toute la partie sud du pays. Il inclut également la fourniture de l'équipement de transmission et de production télévisuelle ainsi que la formation du personnel local par des employés de l'Office de radiodiffusion-télévision française[21]. Ce partenariat amène à la création, , de l'Office de radiodiffusion et télévision du Dahomey[22].

Michel Ahouanmènou occupe le portefeuille des Affaires étrangères jusqu'au coup d'État du perpétré par le militaire Mathieu Kérékou. Ce dernier se lance alors dans une chasse aux sorcières ; l'ancien ministre, comme d'autres, est accusé de détournements de fonds publics, qu'il aurait réalisés au cours de son passage au sein du gouvernement[n 6]. Il est brièvement emprisonné avant d'être finalement blanchi[23],[24].

Carrière post-politique et décès[modifier | modifier le code]

Michel Ahouanmènou devient, en 1973, président du conseil d'administration d'une société de coopération daho-espagnole, Omnium général d'expansion, au capital de 25 040 000 francs CFA et dont le siège est à Cotonou[25].

Il meurt le [26], à l'âge de 59 ans.

Distinctions et décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Un bon nombre d'instituteurs, de médecins et de cadres issus de l'École normale William-Ponty sont devenus par la suite des hommes politiques et des acteurs majeurs de l'indépendance de leur pays.
  2. Cinq conseillers de l'Assemblée sont élus pour représenter le territoire et siéger au Grand Conseil de l'AOF.
  3. Le Sénat de la Communauté cesse en fait d'exister le 31 décembre 1960 à la suite de l'indépendance des nouveaux États africains au cours de cette même année.
  4. Hubert Maga devient président de la République le .
  5. Christophe Soglo est promu général de brigade par Sourou Migan Apithy le .
  6. Avec Michel Ahouanmènou, les autres anciens ministres soupçonnés de détournements de fonds et mis en prison sont Karl Ahouansou, Mama Arouna, Pascal Chabi Kao, Joseph Kèkè, Chabi Mama, Albert Ouassa, Théophile Paoletti et Michel Toko.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Houngnikpo et Decalo 2013, [1], p. 39.
  2. Houngnikpo et Decalo 2013, [2], p. 147.
  3. Détchénou 1953, p. 19.
  4. « Décret n° 1964-241 portant reclassement », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  5. Houngnikpo et Decalo 2013, [3], p. 63.
  6. a et b « Michel Ahouanmènou », Bulletin de l'Afrique noire, Ediafric, nos 652 à 672,‎ .
  7. de Benoist 1982, p. 545.
  8. a et b « Michel Ahouanmènou, ancien sénateur de la Communauté », sur Sénat (consulté le ).
  9. « Liste des membres des groupes du Sénat de la Communauté », sur Sénat, (consulté le ).
  10. « Lettre de Michel Debré, Premier ministre, au Président Monnerville », sur Sénat, (consulté le ).
  11. « Décret n° 1960-1 portant nomination de ministres et secrétaires d'État : Gilbert Kpakpo, Francois Djibodé Aplogan, Georges Gavarry, Pierre Yerima, Michel Ahouanmènou », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  12. « Décret n° 1960-304 portant nomination de ministres de gouvernement », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  13. « Décret n° 1963-432 portant formation du gouvernement de la République du Dahomey », (consulté le ).
  14. « Décret n° 1963-488 portant abrogation du décret n° 432 du 11 septembre 1963 relatif à la formation du gouvernement de la République du Dahomey », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  15. « Décret n° 1966-029 portant nominations Mr Michel Ahouanmènou directeur de la Jeunesse et des Sports, en remplacement de Mr Eugène Bocco appelé à d'autres fonctions », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  16. « Décret n° 1967-94 portant nomination de Mr Michel Ahouanmènou à titre personnel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès la République Française », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  17. « Nomination d'un nouvel ambassadeur du Dahomey à Paris », sur gallica, Combat, (consulté le ).
  18. « Corps diplomatique et représentation politique auprès des organisations internationales », Europe, France outre-mer, Société nouvelle des Éditions France Outremer S.A., vol. 46, nos 465 à 476,‎ , p. 116.
  19. « Décret n° 1971-149 Rectifiant le décret n°70-81 du 07/05/1970 portant formation du gouvernement », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  20. « Le président Maga remanie son gouvernement », Marchés tropicaux et méditerranéens, vol. 26 à 27,‎ , p. 2392.
  21. (en) Joint Publications Research Service, « TV installation, textbooks, covered in new French cooperation agreements », Translations on Africa, U.S. Government Printing Office, no 1171,‎ , p. 7-9 (lire en ligne, consulté le ).
  22. « Ordonnance n° 1972-37 portant création de l'Office de radiodiffusion et télévision du Dahomey (ORTD) », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  23. (en) « Complaint from gaol », West Africa, West Africa Publishing Company Limited, nos 2925 à 2950,‎ , p. 1095.
  24. (en) Joint Publications Research Service, « Former minister released from prison », Translations on Africa, U.S. Government Printing Office, no 1283,‎ , p. 21 (lire en ligne, consulté le ).
  25. « Omnium général d'expansion », Marchés tropicaux et méditerranéens, vol. 29,‎ , p. 2817.
  26. Métinhoué 2006, p. 45.
  27. « Décret n° 1962-316 portant nomination et promotion dans l'ordre national du Dahomey », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  28. « Décret n° 1967-295 portant nominations et promotions, à titre civil dans l'ordre national du Dahomey », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Joseph-Roger de Benoist, L'Afrique Occidentale Française de la conférence de Brazzaville (1944) à l'indépendance (1960), Nouvelles Éditions africaines, , 621 p. (ISBN 978-2723608602)
  • Pierre Goudjinou Métinhoué, Les ministres du Dahomey et du Bénin : mai 1957-avril 2006, Bénin, Centre national de production de manuels scolaires, , 371 p. (ISBN 978-9991960388)
  • Antoine Robert Détchénou, Tranche d'histoire, tranche de vérité : Antoine Robert Détchénou répond à Pascal Chabi Kao, Cotonou, Imprimerie Notre-Dame, , 31 p.
  • (en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Benin, Lanham, Toronto, Plymouth, The Scarecrow Press, , 4e éd., 488 p. (ISBN 978-0810871717)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]