Michel Dorange

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Michel Dorange
Fonctions
militaire, homme politique, député, ministre de l'intérieur de la Haute-Volta
Biographie
Naissance

Saint-Servan (Ille-et-Vilaine), France
Décès
(à 70 ans)
Nice, France
Sépulture
Ouahigouya, Burkina Faso
Nationalité
Formation
Activité
Autres informations
Distinction
Chevalier de la légion d’honneur, Croix de guerre 1938-1945

Michel Dorange, né le à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine), France et mort le à Nice, France, est un militaire, homme politique, député et ministre de l'intérieur de Haute-Volta.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le capitaine Michel Dorange est né le 22 février 1917 à Saint-Servan en Ille-et-Vilaine, France. Il est le fils de Georges Dorange, avocat et de madame, née Marie Guillebert de Govin. Il est issu d’une très vieille famille bretonne[1].

Le capitaine Michel Dorange est une personnalité politique marquante de Haute-Volta de 1947 à 1962[1],[2],[3]. Il œuvre toute sa vie pour la dignité des voltaïques[4],[5].

Diplômé de l'école militaire de Saint-Cyr en 1939, il mène des Tirailleurs Sénégalais sur le front durant la seconde guerre mondiale. Ceux-ci sont en réalité originaires de Haute-Volta et issus principalement de l'ethnie Yadga[2] du Yatenga, l'un des quatre royaumes mossi de Haute-Volta (actuel Burkina Faso), dont le chef-lieu se trouve à Ouahigouya. Michel Dorange est blessé au combat et laissé pour mort en première ligne. C'est l'un de ces tirailleurs sénégalais, Monsieur Sawadogo Sibdapalemdé[2], qui lui sauve la vie en récupérant son corps sous le feu de l'ennemi[6].

La guerre terminée, le capitaine Michel Dorange s'installe en 1945 à Ouahigouya. Il constate que les anciens tirailleurs et leurs orphelins sont abandonnés par la France. La suite de sa carrière va naître de ce « scandale du fait colonial »[1]. Il se consacre à la défense des anciens combattants et de leurs familles en occupant des fonctions politiques en Haute-Volta. Élu tour à tour conseiller territorial, conseiller de l’Union française, ministre de l’intérieur[7] du premier gouvernement voltaïque par la loi-cadre Defferre, député[3], le capitaine Dorange fonde[4] le Mouvement démocratique voltaïque (M.D.V.) avec le prince Gérard Kango Ouédraogo, né en 1925, fils du Régent du Yatenga. Ce parti obtient 23,36% des suffrages lors des Élections territoriales de 1957 en Haute-Volta. Au Yatenga[8], le noyau d'anciens combattants constitué autour du capitaine Dorange participe au Rassemblement pour la France (R.P.F.)[3],[9], d'obédience officiellement gaulliste et coloniale mais dont des observateurs qualifient la fibre locale de « dorangisme révolutionnaire » et de « communisme »[10].

Le dorangisme va contribuer au démantèlement des terres royales et à la lutte contre la hiérarchie traditionnelle[7] sous l'impulsion des anciens combattants[11]. Au plan social, Michel Dorange est un défenseur constant des anciens combattants dont il va établir un recensement, ainsi que des veuves et des orphelins de guerre[1]. Les démarches pour obtenir le statut de soldat, une pension de retraite ou le statut de pupille de la nation doivent se faire par écrit et c'est l'administration Dorange qui accompagne ces démarches. Les orphelins vont être scolarisés[12].

Le capitaine Dorange est expulsé de la Haute-Volta en 1962 dans le courant de la proclamation de la République de Haute-Volta par le Président Maurice Yaméogo. Le conseiller spécial du Président, Monsieur Michel Lajus, s'était toujours opposé à Michel Dorange sur la politique territoriale et le rôle des chefferies traditionnelles[3]. Le premier ayant une position conservatrice sur les chefferies, en application des directives françaises, contrairement au second. Michel Dorange a consacré ses dernières années, malgré la maladie, à l’éducation, à ses frais, de plusieurs jeunes Africains, orphelins des guerres coloniales.

Il meurt le à Nice, en France.

Conformément à ses dernières volontés, le capitaine Michel Dorange a été inhumé dans la plus stricte intimité le 8 juillet 1988 au cimetière de Peela à Ouahigouya (Secteur 13), Burkina Faso.

Ce n'est qu'en 2006, que la prise de conscience des « discriminations et les dénis de justice »[13] dont ont fait l'objet les tirailleurs sénégalais se fait jour au sein des plus hautes instances politiques françaises.

Carrière[modifier | modifier le code]

  • Élève à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr : 1937-1939 , puis carrière militaire dans les troupes coloniales
  • Chef de bataillon d’infanterie coloniale
  • Lieutenant-colonel des troupes de Marine
  • Conseiller général de la Haute –Volta : 1947-1957
  • Conseiller de l’Union française , pour la Haute-Volta : 1948-1958
  • Ministre de l’intérieur de la Haute-Volta : 10 mai 1957-25 janvier 1958
  • Membre du conseil économique et social de la République française , au titre de la Haute-Volta : 1959-1960

Distinction[modifier | modifier le code]

Michel Dorange est Chevalier de la légion d’honneur et Croix de guerre 1938-1945.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Gabriel Massa, Y. Georges Madiéga et Association France-Burkina, La Haute-Volta coloniale: témoignages, recherches, regards, KARTHALA Editions, (ISBN 978-2-86537-480-9, lire en ligne)
  2. a b et c Péro, « Vie et Œuvre du Colonel Michel DORANGE », sur Burkina faso ya, nooma nooma (consulté le )
  3. a b c et d « Le coup d’état monarchiste de 1958 en Haute Volta — SYLMpedia », sur www.sylmpedia.fr (consulté le )
  4. a et b Gérard Kango Ouédraogo, Chronique de soixante années de lutte politique--: un combat pour l'Afrique, G.K. Ouédraogo, (ISBN 978-2-35849-000-9, lire en ligne)
  5. « Hommage à Michel DORANGE, fondateur du lycee Yadega de Ouahigouya, une histoire touchante d'une époque, la haute Volta. », Le Soleil de Ouahigouya,‎ (lire en ligne)
  6. SAID, « Décès de Gérard Kango Ouédraogo : la fin d’une vie bien remplie », sur WAKAT INFO (consulté le )
  7. a et b Léonce Eric Ouedraogo, Le réseau politique: un espace de représentation du politique : le rôle de la chefferie traditionnelle au Burkina Faso, Institut national des langues et civilisations orientales, (ISBN 978-2-7295-6265-6, lire en ligne)
  8. International Court of Justice, Affaire du différend frontalier (Burkina Faso/République du Mali): Demande en indication de mesures conservatoires et procédure y relative; contre-mémoire du Burkina Faso; contre-mémoire du Mali, International Court of Justice, (ISBN 978-92-1-070832-6, lire en ligne)
  9. Jacques Foccart et Philippe Gaillard, Foccart parle: entretiens avec Philippe Gaillard, Fayard, (ISBN 978-2-213-59419-4, lire en ligne)
  10. Salfo-Albert Balima, Les tribulations d'un blanc, au service des noirs: le colonel Michel Dorance au Burkina Faso, Dimensions Services, (lire en ligne)
  11. Michel Izard, Les archives orales d'un royaume africain: recherches sur la formation du Yatênga, Laboratoire d'anthropologie sociale, (lire en ligne)
  12. Pascal Bianchini, Ecole et politique en Afrique noire, KARTHALA Editions, (ISBN 978-2-8111-3698-7, lire en ligne)
  13. « Inégalité des pensions des tirailleurs africains - Sénat », sur www.senat.fr (consulté le )