Sawney Bean

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Sawney Bean
Représentation d'Alexander « Sawney » Bean et d'un cadavre à l'entrée de sa grotte. À l'arrière-plan, la femme du patriarche cannibale transporte deux jambes démembrées.
Gravure d'Isaac Basire d'après J. Nicholls, vers 1734.
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Condamné pour

Alexander « Sawney » Bean (parfois orthographié Beane) aurait été le chef d'un clan écossais de 48 membres, exécuté pour meurtre et cannibalisme durant le règne de Jacques Stuart, roi d'Écosse, d'Angleterre et d'Irlande.

L'histoire apparaît dans un ouvrage signé par le capitaine Charles Johnson, A General and True History of the Lives and Sections of the Most Famous Highwaymen, Murderers, Street–Robbers, &c., imprimé à Londres en 1734. Le récit du patriarche cannibale est ensuite repris dans The Newgate Calendar, catalogue de crimes de la prison londonienne de Newgate[1], avant de s'inscrire dans le folklore écossais et l'industrie touristique locale.

Les historiens contestent l'authenticité de l'existence de Beane et sa famille.

Légende[modifier | modifier le code]

Couverture d'une édition partielle de l'ouvrage du capitaine Charles Johnson, consacrée notamment à l'histoire de Sawney Bean (XVIIIe siècle).

D’après The Newgate Calendar, Alexandre Bean serait né dans l'East Lothian au XVIe siècle. Son père était fossoyeur et tailleur de haies. Il épousa une femme qui partageait ses tendances, et le couple s’installa dans une grotte de la côte située sur une route entre les communes de Girvan et Ballantrae, non loin de Galloway (South Ayrshire) où ils vécurent près de 25 ans.

Leurs nombreux enfants et petits-enfants naquirent majoritairement d’unions incestueuses. La bande a compté jusqu'à huit fils, six filles, dix-huit petits-fils et quatorze petites-filles. Ils survécurent grâce à des embuscades, des enlèvements et autres meurtres de groupes. Les Bean n’étaient pas connus des villages voisins, leurs méfaits étaient pratiqués nuitamment et les restes retrouvés par les villageois sur les plages n’étaient pas chose rare ; par ailleurs, le lynchage de nombreux innocents par les citoyens n'a jamais réussi à arrêter ou dissuader les Bean.

Une nuit, les Bean embusquèrent un couple revenu d’une foire dont l’époux s’avéra un opposant féroce, pistolet et épée à la main. Les attaquants blessèrent mortellement l'épouse et le mari dut la vie sauve à l’arrivée d’un groupe de forains, qui mit les Bean en fuite : leur existence fut ainsi révélée à tous. Le roi Jacques VI eut bientôt écho de la bande et mit à leur poursuite une troupe de 100 à 400 hommes et plusieurs chiens, qui retrouvèrent la grotte des Bean à Bennane Head.

Le clan fut capturé vivant et transporté, fers aux pieds, à la prison Tolbooth d’Édimbourg, puis à Leith ou Glasgow, où ils furent exécutés sans procès : on coupa les parties génitales des hommes, qui furent condamnés à saigner jusqu’à ce que mort s’ensuive. Les femmes et les enfants furent condamnés à assister au spectacle et brûlés vifs.

Girvan, ville située près de la grotte des crimes des Bean, possède son histoire de cannibalisme : une des filles des Bean avait quitté le clan et s'y était installée, où elle aurait planté le Hairy tree. Après la capture de sa famille, l’identité de la fille Bean fut révélée ; elle fut capturée et pendue au Hairy Tree.

On appelle parfois le père des Bean par le sobriquet Sawney qui est un surnom que l'on donnait aux Écossais dans la langue anglaise ; la tradition semble perdue.[réf. nécessaire]

Évocations culturelles[modifier | modifier le code]

Le clan cannibale dans sa caverne.
Illustration de John Seymour Lucas pour le roman The Grey Man (1896) de Samuel Rutherford Crockett.

L'écrivain écossais Samuel Rutherford Crockett rédige son roman The Grey Man (1896) en se basant sur l'histoire de Sawney Bean. Cet auteur est le premier à situer le repaire de la famille cannibale à (ou près de) Bennane Head (en)[2].

En Italie, l'éditeur Roberto Lerici (it) écrit La storia di Sawney Bean (it), un spectacle théâtral dont s'inspire le cinéaste Pier Paolo Pasolini pour l'épisode du cannibale dans le film Porcherie sorti en 1969[3].

Toujours au cinéma, le réalisateur Wes Craven se déclare fasciné par l'histoire du clan Bean, tant et si bien qu'il reprend le concept d'une famille ensauvagée et anthropophage dans son film La colline a des yeux (1977)[4],[5]. De même, les longs-métrages Vorace (1999) et Sawney : Flesh of Man (2012) puisent leur inspiration dans la légende des cannibales écossais[6].

Par ailleurs, le shōnen manga L'Attaque des Titans, écrit et dessiné par Hajime Isayama, dépeint un monde où les humains sont systématiquement dévorés par les « titans », de gigantesques créatures humanoïdes[7]. Dans l'adaptation en série télévisée d'animation, la cheffe d'escouade Hansi Zoe raconte l'histoire de la tribu cannibale, puis surnomme deux titans capturés « Sawney » et « Bean »[8],[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Urquhart 2002, p. 16-17.
  2. Urquhart 2002, p. 18, n. 2.
  3. (it) Agnese De Donato, Cosa fa stasera ?, Bari, Dedalo, , 107 p. (ISBN 9788822041654, lire en ligne), p. 208.
  4. (en) John Kenneth Muir, Wes Craven : The Art of Horror, McFarland & Company, , 327 p. (ISBN 978-0-7864-1923-4, lire en ligne), p. 14
  5. (en) Jennifer Brown, Cannibalism in Literature and Film, Houndsmills, Palgrave Macmillan, , XI-258 p. (ISBN 978-0-230-36051-8 et 978-1-349-34784-1, lire en ligne), p. 131.
  6. a et b (en) Sean Murphy, « Sawney Bean and the cannibal Scots clan who dragged victims to Ayrshire cave », sur Daily Record, (consulté le )
  7. (en) Ya-han Chang, « Within and Without : Human-Monster Boundary in Attack on Titan », dans Erin Vander Wall (dir.), Edgelands : A Collection of Monstrous Geographies, Brill, (ISBN 978-1-84888-481-6, DOI 10.1163/9781848884816_002), p. 1–8.
  8. (en) Emily Griffis, « Predator vs. Prey : The Human Monstrosity in Attack on Titan », Digital Literature Review, Muncie, Université d'État de Ball, vol. 4,‎ , p. 8-9 (DOI 10.33043/DLR.4.0.153-165, lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources primaires[modifier | modifier le code]

  • (en) « SAWNEY BEANE : An incredible Monster who, with his Wife, lived by Murder and Cannibalism in a Cave. Executed at Leith with his whole Family in the Reign of James I », The Newgate Calendar,‎ (lire en ligne).
  • (en) The History of Sawney Beane and His Family : Robbers and Murderers, s.d., XVIIIe siècle.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) « Sawney Beane », Scottish Notes and Queries, Aberdeen, The Rosemount Press, 2e série, vol. VIII, nos 7-9,‎ , p. 101 ; 129-130 (lire en ligne), [lire en ligne].
  • (en) Rosalind Crone, « From Sawney Beane to Sweeney Todd : Murder Machines in the Mid-Nineteenth Century Metropolis », Cultural and Social History, vol. 7, no 1,‎ , p. 59-85 (DOI 10.2752/147800410X477340).
  • (en) Julie Gammon, « Retelling the Legend of Sawney Bean : Cannibalism in Eighteenth-Century England », dans Rachel B. Herrmann (dir.), To Feast on Us As Their Prey : Cannibalism and the Early Modern Atlantic, Fayetteville, University of Arkansas Press, , X-282 p. (ISBN 978-1-68226-081-4 et 978-1-68226-082-1), p. 135-151.
  • (en) Sandy Hobbs et David Cornwell, « Sawney Bean, the Scottish Cannibal », Folklore, vol. 108, nos 1-2,‎ , p. 49-54 (DOI 10.1080/0015587X.1997.9715936).
  • (en) Ronald Holmes, The Legend of Sawney Bean, Londres, Frederick Muller Ltd, , 161 p. (ISBN 978-0-584-10156-0).
  • (en) John Nicholson, Historical and traditional tales in prose and verse, connected with the south of Scotland. Original and select, Kirkcudbright, John Nicholson, , 450 p. (lire en ligne), « Sawney Bean and his family », p. 72-80.
  • (en) William Roughead, « The Monster of Ballantrae : or, The Last of the Ogres », The Juridical Review, Édimbourg, W. Green & Son, vol. XLV, no 4,‎ , p. 359-378 (lire en ligne).
  • (en) William Roughead, Rogues Walk Here, Londres, 1934.
  • (en) Robert H. Urquhart, « Sawney Bean : Myth or Myth », Ayrshire Notes, Ayrshire Archaelogical & Natural History Society, no 23,‎ , p. 15-18 (ISSN 1474-3531, lire en ligne).

Littérature[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]