Tasse de voyageur

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Une tasse de voyageur

La tasse de voyageur (aussi appelée tasse de canotier, tasse de forestier, tasse de rivière ou cup) est une tasse de bois sculptée dans une loupe d'arbre qui sert à s'abreuver directement dans un lac ou un cours d'eau. En anglais, on retrouve les appellations voyageur's cup, belt cup ou canoe cup[1]. En atikamekw, on les nomme pikwakot orakan.[2]

Histoire[modifier | modifier le code]

La fabrication de ces tasses de bois est une pratique issue des cultures autochtones d'Amérique du Nord qui a été adoptée par les voyageurs canadiens-français vers la fin du XVIIe siècle[3]. La majorité des gobelets plus anciens qu'on retrouve dans des collections muséales sont de provenance inconnue ou soupçonnée (naskapis[4], hurons-wendats[5], passamaquoddys[6]). Certains sont toutefois reconnus comme étant de provenance abénaquise[7].

L'objet pratique qui servait à s'abreuver directement dans un cours d'eau et qui pouvait être porté à la ceinture a été adopté par les coureurs des bois canadiens-français qui parcouraient de longues distances afin de faire la traite de fourrures[3],[8].

La pratique utilitaire possédait également un aspect créatif puisque chacun pouvait personnaliser sa tasse à sa façon. Au fil du temps, c'est ce côté artisanal qui a été conservé, les pratiquants de cette artisanat en faisant principalement un passe-temps[9].

Fabrication[modifier | modifier le code]

Les tasses sont fabriquées à partir de loupes d'arbres principalement du bouleau ou de l'érable[3],[10]. Ces formations circulaires se trouvent sur les racines ou sur le tronc des arbres.

Différents couteaux et gouges peuvent être utilisés pour sculpter la tasse. On procède d'abord au retrait de l'écorce sur l'extérieur de la loupe pour ensuite creuser le récipient[9].

Plusieurs techniques peuvent être utilisées pour décorer les tasses comme la gravure en relief, la peinture, la pyrogravure, etc[1],[3]. Certains sculpteurs donnent des formes animales ou des formes d'objets à leur tasse.

L'objet fini est ensuite laissé à sécher, sablé et peut être verni ou huilé[10]. La tasse est souvent finalisée avec un cordon et un petit morceau de bois sculpté permettant de l'attacher à la ceinture[1],[3]. Traditionnellement, le cordon était fait de peau de cerf ou d'orignal[3].

Dans Lanaudière[modifier | modifier le code]

Le « gossage de cups » est une pratique encore vivante et transmise dans la municipalité de Mandeville[11],[9]. Cette tradition a été conservée principalement via la vente des cups à de riches américains qui possédaient le Mastigouche Fish and Game Club, un club de chasse et de pêche privé à Mandeville jusqu'au début des années 1970[9],[12],[13]. En 2017, un projet de mise en valeur des savoir-faire de la MRC de D'Autray a permis de former des nouveaux porteurs de savoir et de revitaliser la pratique[14],[10].

Une kuksa.

Ailleurs dans le monde[modifier | modifier le code]

Une pratique similaire existe en Scandinavie[15]. La tasse qui en résulte se nomme la kuksa[16].

Collections muséales[modifier | modifier le code]

Plusieurs exemples de tasses de voyageur se retrouvent dans des collections muséales en Amérique du Nord.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Drifting Cowboy, « Ripples from La Prairie Voyageur Canoes: Tasse à canot de voyageurs - Voyageurs canoe cup », sur Ripples from La Prairie Voyageur Canoes, (consulté le )
  2. « Le gossage de cups », sur Traditions vivantes, (consulté le )
  3. a b c d e f et g Musée de la civilisation, « Collections - Musée de la civilisation », sur Collections - Musée de la civilisation (consulté le )
  4. « Tasse | Musée McCord », sur collections.musee-mccord-stewart.ca (consulté le )
  5. « Tasse | Musée McCord », sur collections.musee-mccord-stewart.ca (consulté le )
  6. a et b « Belt cup », sur MET Museum
  7. a et b « Tasse | Musée McCord », sur collections.musee-mccord-stewart.ca (consulté le )
  8. « Amérindien des années 1600 Musée Qualité Canoë Personnel Coupe Commerce de la fourrure Custom Made Hand-sculpted Canoe Cup (alias « Noggin »). Tasse d’eau avec bascule de ceinture », sur Aki Trading Post (consulté le )
  9. a b c et d « Pour la suite du geste, rassemblons nous! Le gossage de cup » (consulté le )
  10. a b et c Philippe Jetté, « Le gossage de cups » Accès libre [PDF], sur Culture et Patrimoine D'Autray,
  11. « Le gossage de cups, art traditionnel d'autréen » (consulté le )
  12. « Entrevue avec Jean-Louis Roy - Le gossage de cups » (consulté le )
  13. Jean-Louis Roy, La petite histoire de Mandeville, [Jean-Louis Roy], (ISBN 978-2-9810084-0-4 et 2-9810084-0-4, OCLC 178969995, lire en ligne)
  14. « Pour la suite du geste... rassemblons-nous! Le gossage de cups » (consulté le )
  15. (en-US) « Kuksa – Crafting the traditional wooden cup », sur FINLAND, NATURALLY, (consulté le )
  16. (en) Snoweb, « What is a kuksa ? Origins, carving, wood and preservation », sur www.kuksa.shop (consulté le )
  17. « Tasse d'eau », sur Musée des Abénakis
  18. « Recherche dans la collection | Musée canadien de l'histoire », sur www.museedelhistoire.ca (consulté le )
  19. « Civilisations.ca - Salle des trésors - Tasse de canot », sur www.museedelhistoire.ca (consulté le )
  20. Ministère du Patrimoine canadien Gouvernement du Canada, « Artefacts Canada », sur app.pch.gc.ca, (consulté le )
  21. Carl Wier, « Meandering In My RV: Museum of the Fur Trade in Chadron, NE », sur Meandering In My RV, (consulté le )
  22. « Chadron Nebraska American History Museum of the Fur Trade », sur www.furtrade.org (consulté le )
  23. « Error », sur www.seattleartmuseum.org (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Louis Roy, La petite histoire de Mandeville, Mandeville, (ISBN 978-2-9810084-0-4), chap. 43 (« Les cups »)

Articles connexes[modifier | modifier le code]