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Le terme raccourci, en esthétique, recouvre deux sens distincts, selon qu'il s'agit du domaine des arts figuratifs ou de la littérature[1].

Dans les arts visuels, en peinture notamment, le raccourci est une technique de perspective. Il désigne ainsi la mise en application de la perspective dans une image.

En littérature, il vise à dériver une vigueur d'expression de l'exposition très brève, ne conservant que les éléments essentiels, d'une situation[1]. Le raccourci procède souvent par ellipse.

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Le raccourci en peinture (arts visuels)[modifier | modifier le code]

Définition[modifier | modifier le code]

Le raccourci est un effet visuel qui consiste en une exagération de la perspective des représentations humaines et animales dans une image peinte ou dessinée sur une surface plane (mur, plafond, voûte, panneau de bois, toile, etc.). Le terme désigne ainsi la réduction des corps vus en perspective. Par ce procédé d'exagération de la réduction des sujets représentés, l'artiste infléchit sur la perception des volumes et de la profondeur qu'ont les spectateurs de l'image lorsqu'ils la regardent[2].

Antiquité et Moyen Age[modifier | modifier le code]

L'utilisation de ce procédé visuel s'observe dès l'Antiquité, sur les céramiques grecques et les fresques murales gréco-romaines[2]. Il atteste de l'intérêt particulier que portent les artistes de ces époques à la représentation spatiale d'après l'imitation de la nature.

Durant l'époque médiévale, les artistes s'émancipent des représentations mimétiques et des formules illusionnistes. Pour composer leurs images peintes et y suggérer l'effet de la profondeur, ils construisent des représentations en plans et superposent les sujets représentés les uns sur les autres.

Renaissance et époque moderne[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

Les artistes de la Renaissance renouent avec la représentation mimétique et la perspective axiale rationnelle, bifocale (centralisée ou latéralisée), monofocale ou convexe, qui suppose un espace peint homogène disposé sur une surface plane. Les intellectuels et érudits de la première moitié du XVe siècle découvrent l'approche qui était faite de la perspective pendant l'Antiquité romaine grâce aux collations et aux traductions des manuscrits du traité De architectura de Vitruve[3]. Le rapport culturel et conceptuel du spectateur à l'image change profondément à cette période. L'image peinte devient une sorte d'illusion. Dans son traité De pictura, Leon Battista Alberti théorise l'espace pictural : le tableau est un monde, dans lequel l'espace spatial de la scène représentée est construit, et son cadre est entendu comme une fenêtre sur ce monde. Cette nouvelle pensée figurative, humaniste, et le développement du dessin d'observation[2] permettent aux artistes d'expérimenter de nombreuses techniques de perspective, dont le raccourci - qui permet de renforcer l'effet de profondeur de leurs compositions peintes. La perspective doit être dès lors naturelle (car la représentation peinte imite le réel), mais aussi artificielle (car la représentation peinte est construite grâce à un trame géométrique)[3].

La perspective horizontale[modifier | modifier le code]

Cette recherche d'effets visuels, de truchements et d'illusions optiques, s'observe par exemple avec La Lamentation sur le Christ mort, peinte par Andrea Mantegna vers 1480. L'artiste utilise une perspective bifocale centralisée pour composer et construire l'effet de la profondeur dans sa peinture. Le corps du Christ mort, vu en raccourci, constitue un axe qui relie l'espace réel depuis lequel le spectateur observe à l'espace illusionniste de la peinture.

La perspective verticale (Di sotto in sù)[modifier | modifier le code]

L'expression italienne Di sotto in sù, traduite de dessous vers le haut en français, désigne la réduction des corps vus en perspective de dessous (ou depuis le dessous). Il s'agit d'un effet de perspective très accusé. Le peintre représente ses sujets en contre-plongée, donnant ainsi l'illusion d'une grande verticalité et d'une échappée céleste vertigineuse à sa composition[4].

Sur la voûte du plafond de La chambre des époux, à Mantoue, Andrea Mantegna a représenté un oculus ouvert sur un ciel illusionniste ; la perspective est ici construite selon un axe vertical ascendant, pour que le spectateur ait une vision verticale ascensionnelle. Les corps des putti sont représentés, non pas parallèles à la surface de la voûte (support de l'illusion), mais quasiment perpendiculaires à celle-ci. Leurs corps sont ainsi vus en raccourcis, c'est-à-dire que la représentation des corps a subi une modification, une certaine réduction, de la part de l'artiste pour donner la sensation au spectateur qui les regarde qu'ils se tiennent debout et qu'ils sont vus en contre-plongée. Cette expérience, l'utilisation de la perspective verticale, menée par Mantegna dans le troisième quart du XVe siècle, reste assez restreinte puisque cet oculus ne fait qu'environs 2m de diamètre.

Une utilisation plus conséquente de cette formule s'observe au XVIe siècle, dans les œuvres du Corrège notamment.

La Conversion de saint Paul du Caravage présente le saint, à terre, et son cheval vus en raccourci.



  1. a et b Anne Souriau, Vocabulaire d'esthétique : par Étienne Souriau (1892-1979), Paris, PUF, coll. « Quadrige », (1re éd. 1990), 1493 p. (ISBN 9782130573692), p. 1267.
  2. a b et c Jean RUDEL, « RACCOURCI, peinture », sur https://www.universalis.fr/ (consulté le )
  3. a et b Gérard LEGRAND, L'art de la Renaissance, Paris, Éditions Larousse, , 143 p. (ISBN 978-2-03-587637-9), p. 54
  4. Jean RUDEL, « DI SOTTO, peinture », sur https://www.universalis.fr/ (consulté le )