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Bilzingsleben (site paléolithique)[modifier | modifier le code]

Bilzingsleben (Allemand: Fundplatz Bilzingsleben, lit. site de fouille de Bilzingsleben) est une ancienne carrière de pierre de Thuringe, Allemagne, particulièrement connue pour ses nombreux fossiles et artefacts humains datant de l’ère paléolithique.

Géologie[modifier | modifier le code]

Située sur la frontière nord du bassin thuringien, Bilzingsleben est une dépression composée de roches du Trias Supérieur. Elle est délimitée au nord par les reliefs du Kyffhäuser, la Hainleite et la Schmücke[1], qui sont essentiellement composées de grès bigarré[2] et de dépôts de calcaire coquillier. Ces zones sont séparées par la ligne de faille hercynienne locale (la faille de Finne[3]), qui est à l’origine de nombreuses sources dans cette région. Après avoir dissout les roches calcaires, les eaux de ces sources ont alors formé les dépôts de travertin interglaciaire qui couvrent aujourd’hui le site de Bilzingsleben. Le très bon état de conservation de ces dépôts, plus de 400.000 ans après leur formation, s’explique sans doute par la remarquable résistance à l’érosion du travertin.

Durant le Pléistocène, le site lui-même faisait partie intégrante d’une terrasse alluviale, le bassin[4] fluvial d’Europe Centrale, aujourd’hui situé 1,5 km au sud du village de Bilzingsleben, dans la région de Sömmerda, et 175 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans une ancienne carrière de pierre appelée Steinrinne (veine de pierre). Cette carrière fut exploitée jusqu’au début de l’ère moderne pour l’extraction du travertin, qui était ensuite utilisé dans les villes environnantes, comme par exemple pour la construction du mur de Kindelbrücks.

Historique des fouilles[modifier | modifier le code]

Les premiers ossements fossilisés du site ont été mis au jour durant le XIIIème siècle. En 1710, David Siegmund Büttner[5] publie son livre "Rudera diluvii testes[6] i.e. Zeichen und Zeugen der Sündfluth" (signes et témoins de l’inondation). En 1818, Freiherr Friedrich von Schlotheim (1765-1832) trouve un crâne couvert de concrétions calcaires, introuvable aujourd’hui. En 1908, le géologiste Ewald Wüst [7](1875-1934), de l’université de Halle-Wittenberg, publie sa première œuvre[8] sur les artefacts locaux en silex. Le chercheur amateur Adolf Spengler reprend ensuite les fouilles sur site en 1922. En 1969, Dietrich Mania, qui fut ensuite professeur à l’Université d’Iéna, découvre de nombreux fossiles et artefacts au cours d’une investigation de routine. Une excavation systématique du site est alors engagée sous la supervision du Musée National de la Préhistoire, à Halle. Elle permet de référencer 1.600 m² de terrain et de mettre au jour plusieurs fossiles humains entre 1971 et 1992. La gestion administrative du site est ensuite confiée à l’Université d’Iéna.

Datation[modifier | modifier le code]

Le site appartient à l’ère interglaciaire de Reinsdorf, vers 370.000 av. JC.

Restes humains[modifier | modifier le code]

En 1974, un morceau de crâne humain est identifié parmi les éléments mis au jour. A ce jour, 37 dents et os humains ont été retrouvés, les os étant pour la plupart des fragments de crânes. Ils sont issus d’au moins individus distincts, et ont été référencés par Emmanuel Vlcek (Prague) sous le nom de Homo Erectus Bilzingslebensis. Les restes de ces crânes portent des traces d’écrasement post-mortem volontaire, peut-être dans le cadre d’un rite funéraire.

Environnement[modifier | modifier le code]

Le milieu naturel local peut être reconstitué grâce aux impressions fossiles de la flore dans le travertin et aux restes de pollens. Deux phases de sédimentation se dessinent, toutes deux dominées par des variétés de plantes forestières. La première phase (calcaire limnique[9] mêlé de sable de travertin) est dominée par le noisetier (Corylus), le frêne (Fraxinus) et le chêne (Quercus). La seconde phase (calcaire limnique pur) est caractérisée par le charme (Carpinus), aulne (Alnus) et le pin (Pinus).

Ces impressions fossiles dans le travertin attestent de la présence de 36 espèces de plantes différentes, donc 14 espères d’arbres et de buisson :

Les bois étaient essentiellement composés de chênes et de buis (Buxo-Quercetum). Les herbes, comme l’armoise, l’oseille, les fougères, et les graminées, attestent la présence de vastes steppes et de prairies. Les lacs étaient peuplés de nénuphars et de sphaignes moussus, tandis carex et joncs s’épanouissaient sur leurs rives.

Les restes de 54 espèces animales ont aussi laissé leur empreinte sur le site de Bilzingsleben : 35 espèces de mammifères, 6 d’oiseaux, 3 de reptiles, 3 d’amphibiens et 5 de poissons.

Ossements de rhinocéros des prairies.

Parmi les mammifères, on dénombre :

Bien que les espèces forestières prédominent, certains animaux se sont développés dans des habitats plus ouverts, comme le rhinocéros, le cheval et le bison. La présence de mollusques sur le site permet de déduire[10] que le climat était alors plus chaud et plus humide qu’aujourd’hui  : la température moyenne annuelle était alors probablement comprise entre 9 et 13°C, et les précipitations atteignaient environ 800 mm par an.

Découvertes archéologiques majeures[modifier | modifier le code]

La technologie lithique se caractérise par la production d’outils de petite taille  : les véritables haches n’existent pas encore. La matière première est généralement du silex, mais on utilise aussi du quartzite, du quartz et du travertin. Les outils en os abondent (houes, grattoirs, pointes et gouges). Certaines houes sont fabriquées en andouiller ou en ivoire. Même les artefacts en bois ont été préservés jusqu’à aujourd’hui.

Un fragment osseux, un tibia d’éléphant, porte deux groupes de respectivement 7 et 14 lignes parallèles, peut-être un exemple d’expression artistique primitive[11]. La régularité de leur espacement, leurs longueurs presque égales et les lignes obliques en forme de V laissent à penser qu’elles ont été tracées au même moment et par un même outil. Ce tibia est vieux de 350 à 400.000 ans, et peut aussi être compris comme une forme de calendrier primitif.

Structures[modifier | modifier le code]

D. Mania a découvert plusieurs grandes pierres agencées en cercles, dont il pensait qu’elles formaient la base d’une habitation. Pourtant, une analyse de centre circulaire (ring-center analysis) démontre que le site était probablement à ciel ouvert.

C. Gamble a avancé l’hypothèse que les hommes se réunissaient sur le site autour d’un feu.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • D. Mania, The earliest occupation of Europe: the Elbe- Saale region (Germany) (plus ancien site habité d’Europe : la region de l’Elbe-Saale (Allemagne)). In: W. Roebroeks/T. van Kolfschoten (eds.) The earliest occupation of Europe. Analecta Leidensia (Leiden) 1995, 85-101.
  • D. Mania, D. 1995, Bilzingsleben - middle Pleistocene site of Homo erectus. Travertine complex and fauna at Bilzingsleben (Bilzingsleben : Site du Pléistocène moyen de Homo Erectus. Carrière de travertine et faune de Bilzingsleben). In: Quaternary field trips in Central Europe, 14. Congress INQUA (Berlin 1995), 738-740, 777-780, 1078-1079.
  • H. Meller (ed.), Geisteskraft, Alt- und Mittelpaläolithikum (Paléolithique Inférieur et Moyen) (Halle 2003).

Références[modifier | modifier le code]

  1. Collectif des 12Singes, « L’Alsace et le Rhin : terres/"mers" de passage et de brassage Nord-Sud / Est-Ouest depuis Homo heidelbergensis (v.1) - ... à travers les âges », ... à travers les âges, (consulté le )
  2. Encyclopædia Universalis‎, « Définition de buntsandstein - Encyclopædia Universalis », sur www.universalis.fr (consulté le )
  3. Cette ligne de faille forme notamment la limite nord-est du bassin Thuringien.
  4. Geodumonde, « Bassin versant d'Europe _ Danube », Skyrock,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (de) « David Sigmund Büttner », dans Wikipedia, (lire en ligne)
  6. « Digiviewer V 0.6.2 », sur digital.bib-bvb.de (consulté le )
  7. (de) « Ewald Wüst », dans Wikipedia, (lire en ligne)
  8. Missouri Botanical Garden, Zeitschrift fu?r Naturwissenschaften., Halle : Verlag Naturwissenschaftlichen Vereins fu?r Sachsen und Thu?ringen,, (lire en ligne)
  9. Limnique : qui se rapport aux milieux lacustres et d’eaux douces, aux bassins continentaux et lacustres.
  10. L’étude de géosciences, menée en 2016 par Mme Perrine GAMAIN dans le cadre de sa thèse, permet de mieux comprendre le processus d’assimilation des nutriments par les mollusques, et donc l’impact de l’environnement immédiat sur leur développement : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01306578/document
  11. Mania, D and Mania, U, 1988, Deliberate engravings on bone artefacts of Homo Erectus, Rock Art Research 5, 91-97, qtd in Scarre, 2005, qtd in Scarre, C (ed.) (2005). The Human Past, London: Thames and Hudson.

Liens complémentaires[modifier | modifier le code]