Utilisateur:Leonard Fibonacci/Première guerre judéo-romaine

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Première guerre judéo-romaine
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Judée au Ier siècle de l'ère chrétienne.
Informations générales
Date 66 à 73
Lieu Judée
Issue Victoire romaine
Belligérants
Empire romain Juifs de la province romaine de Judée
Commandants
Gaius Cestius Gallus,
Vespasien,
Titus
Simon Bar-Giora,
Yossef ben Matityahou
Jean de Gischala,
Éléazar ben Shimon (en)
Forces en présence
80 000 300 000
Pertes
inconnue inconnue

Guerres judéo-romaines

La première guerre judéo-romaine qui s'est déroulée entre 66 ap. J.-C. et 73 ap. J.-C., parfois appelée la Grande Révolte (hébreu : המרד הגדול, ha-Mered Ha-Gadol), fut la première des trois révoltes des juifs de la province de Judée contre l'Empire romain, telle que relatée principalement par Flavius Josèphe.

Elle commença en 66, à la suite des tensions religieuses croissantes entre Grecs et Juifs[1]. Elle s'acheva lorsque les légions romaines de Titus assiégèrent, pillèrent puis détruisirent Jérusalem et le temple d'Hérode en 70 (en 68 selon les "sages du Talmud") puis les places fortes des Juifs (principalement Gamla en 67 et Massada en 73).

La Judée, province romaine[modifier | modifier le code]

Les affrontements de 66 à 69[modifier | modifier le code]

Source primaire[modifier | modifier le code]

La guerre de 66 à 70 dans la province de Judée est narrée par l'historien Flavius Josèphe.

La révolte de 66[modifier | modifier le code]

Un jour de shabbat, en l'an 66, à Césarée, un homme sacrifie des oiseaux à l’entrée de la synagogue, ce qui provoque la colère des Juifs. Il s’ensuit des batailles de rue entre Juifs et païens. Une délégation de Juifs se rend à Sébaste auprès du procurateur Gessius Florus qui fait la sourde oreille. Les troubles atteignent Jérusalem. Florus choisit ce moment pour prendre 17 talents dans le trésor du Temple, ce qui entraîne une réaction en chaîne de révoltes et de représailles. Après avoir essayé de réprimer la révolte dans le sang, Florus se retire à Césarée tandis que les insurgés s’emparent de l’esplanade du Temple.

Un essai de conciliation d’Agrippa II et de Bérénice est rejeté. À l’instigation d’Éléazar, fils du grand-prêtre Ananie, les révoltés s’emparent de Massada et font cesser les sacrifices quotidiens pour l’empereur. Sous la direction d’Agrippa II et des Hérodiens, des familles des grands-prêtres et des notables pharisiens, les partisans de la paix essayent de réduire les révoltés par la force. L’armée d’Agrippa II est battue dans Jérusalem, Ananie est assassiné, les palais royaux sont incendiés et les derniers Romains exécutés. Une rébellion éclate à Césarée. Le mouvement se répand à toute la Palestine où Juifs et gentils s’affrontent.

Plusieurs milliers de Juifs périssent dans les émeutes à Alexandrie.

Échec de la première intervention romaine[modifier | modifier le code]

Le gouverneur de Syrie Cestius Gallus attaque Jérusalem avec la XIIe légion Fulminata. Il s’empare du faubourg nord mais échoue devant le Temple et se retire, puis tombe dans une embuscade près de Beth-Horon. Il perd plus de cinq mille fantassins et presque quatre cents cavaliers. Cette victoire change la révolte en guerre d’indépendance à laquelle se rallient les autorités traditionnelles : grands-prêtres et chefs pharisiens, sadducéens et esséniens. La révolution s’organise et le pays est divisé en sept districts : Joseph ben Gorion et le grand-prêtre Anne sont chargés de Jérusalem, Jésus ben Sapphias et Éléazar ben Ananias de l’Idumée, Joseph, fils de Mattathias (Flavius Josèphe), organise la Galilée.

En 67, le général Flavius Vespasien est envoyé par Néron avec trois légions. Il occupe Sepphoris en Galilée (printemps), assiège Flavius Josèphe dans Yotpata qui est prise. Flavius Josèphe se rend. Vespasien fait la jonction avec Agrippa II, s’empare de Tibériade et de Tarichée, puis de Gamla et du mont Thabor. À la fin de l’année, le Nord de la Palestine et la région côtière au sud de Jaffa sont soumis.

L'extension de la révolte[modifier | modifier le code]

Prutah (monnaie) bronze, inscription hébraïque : « Libération de Sion », 66 - 70 ap. J.-C.

La révolte se durcit face à la menace romaine. La guerre civile éclate à Jérusalem où Jean de Gischala et les zélotes prennent le pouvoir et imposent comme grand-prêtre Pinhas de Habta, probablement sadocide. Appuyés par un groupe d’Iduméens, les Zélotes liquident les notables et les membres des grandes familles sacerdotales.

En 68, Vespasien soumet la Pérée (mars), occupe Antipatris, Lydda, Jamnia, Emmaüs, traverse la Samarie et descend sur Jéricho. Il cesse les opérations militaires à l’annonce de la mort de Néron (9 juin).

Un sage, Rabban Yohanan ben Zakkaï quitte alors Jérusalem secrètement et se rend au camp de Vespasien pour lui demander asile. Il est envoyé dans un camp de réfugiés dans la ville de Yavné (Jamnia). Après la destruction de Jérusalem, il constitue autour de lui un groupe de sages qui se réunissent pour donner à la Bible hébraïque sa forme finale, instituer des lois, rétablir le calendrier. La cour de Yavné remplaça ainsi le Sanhédrin de Jérusalem et diffusa la culture rabbinique.

Au printemps 69, Vespasien s’approche de Jérusalem (mai-juin). À l’exception de la capitale, de l’Hérodion, de Massada et de Machéronte, la Judée est pratiquement soumise aux Romains. Vespasien, choisi comme empereur par les légions de l’Est (juillet), laisse son fils Titus achever de la soumettre.

La révolte de 66 - 70[modifier | modifier le code]

Début de la révolte à Jérusalem[modifier | modifier le code]

Agrippa est absent et se trouve à Alexandrie[2] lors de la répression qui va être le déclencheur de la révolte (juin 66[Note 1]). Gessius Florus envoie des hommes prélever dix-sept Talents dans le trésor du Temple[2] « prétextant le service de l'empereur »[2] se contente de dire Flavius Josèphe[3]. Toutefois, il écrit par la suite que Jérusalem et les contrées environnantes étaient en retard de paiement du tribut pour un montant de 40 talents[4]. Les Juifs protestent devant cette profanation de leur lieu saint et insultent le procurateur qui réagit en faisant arrêter trois-mille six cents manifestants selon Josèphe, qui exagère peut-être[2]. Nombre d'entre eux sont flagellés puis crucifiés. Parmi eux des femmes et surtout des citoyens romains appartenant à l'ordre équestre[2], ce qui viole l'usage romain qui veut que les citoyens romains relèvent de la justice impériale. Présente à Jérusalem, Bérénice, la sœur d'Agrippa « intervient au péril de sa vie auprès du procurateur de Judée, Gessius Florus[5]. » Elle vient elle-même devant le tribunal du procurateur, pieds nus comme une suppliante, alors que les soldats romains ne ralentissent en rien leur action du fait de sa présence, mais rien n'y fait[2],[6]. Le quartier général de Florus est installé dans le palais royal et des renforts romains arrivent à Jérusalem, venant de Césarée[6]. À partir de ces deux positions Florus et ses nouvelles troupes mènent une action coordonnée pour se forcer un chemin jusqu'à la forteresse Antonia, mais les deux attaques échouent[6]. Un clair signe d'une résistance populaire massive[6]. Finalement Florus quitte Jérusalem, en laissant seulement une cohorte en garnison[6]. Lorsqu'il arrive à Jérusalem Agrippa a une tout autre attitude. Dans un premier temps il parvient à convaincre certaines autorités de l'aider à collecter dans la région de Jérusalem les impôts qui n'étaient pas payés. Flavius Josèphe « compose à cette occasion une longue harangue qu'il attribue au roi[7] », mais qui semble « refléter les positions de Josèphe lui-même[7]. » Puis dans un second discours, Agrippa invite la population de Jérusalem à obéir à Gessius Florus, en faisant confiance à l'arbitrage de l'empereur[8]. Il est immédiatement conspué par la foule, qui se rappelle les morts et les exactions commises, des pierres volent même dans sa direction[8]. « La lapidation était la manifestation d'un déni de légitimité[9]. » Il est contraint de quitter précipitamment Jérusalem et sa sœur l'accompagne[8]. « La cohorte romaine laissée par Florus se retrouve assiégée à l'intérieur des tours des murailles de la ville[8]. »

Échec de l'armée d'Agrippa[modifier | modifier le code]

Massada dont Menahem et ses partisans s'emparent dès juin 66, donnant ainsi le signal du début de la révolte ouverte contre les Romains.

Menahem rassemble alors de nombreux hors-la-loi sous ses ordres et envahit par surprise la forteresse de Massada, exterminant la garnison romaine qui l'occupe[10]. Il donne ainsi le signal du déclenchement de la révolte. Menahem est un fils de Judas de Gamala[11], fondateur du mouvement que Flavius Josèphe appelle la Quatrième philosophie et dirigeant de la révolte au sujet du recensement de Quirinius ayant eu lieu lors du rattachement direct de la Judée à l'Empire romain[12],[13] (6 apr. J.-C.). À Jérusalem, Éléazar, commandant du Temple et fils de l'ancien grand-prêtre Ananias de Nébédaios[11] parvient à convaincre le peuple et le puissant groupe des jeunes prêtres « à n'accepter désormais ni offrandes ni sacrifices offerts par un étranger[14] »[15]. Selon Josèphe, « c'était là déclarer véritablement la guerre aux Romains[14] » puisque cela interdisait en même temps le sacrifice qui était fait tous les jours en l'honneur de l'Empereur[14]. Pour obtenir de l'aide le « parti de la paix » envoie alors Simon ben Ananias au procurateur Gessius Florus et envoie au roi Agrippa, Antipas et les frères Costobar et Saul[16]. Certains critiques ont proposé d'identifier ce dernier avec l'apôtre Paul de Tarse, dont le nom juif est aussi Saul[17],[18],[19]. Florus, qui d'après Josèphe désirait la guerre, ne donne aucune suite à la demande d'aide portée par Simon ben Ananias, mais « Agrippa envoie une force de 2000 cavaliers[Note 2] dirigés par « l'hipparque » Darius et Philippe[Note 3] fils de Joachim[16] ». Toutefois, ces cavaliers sont originaires de Batanée, de Trachonitide et d'Hauranitide et appartiennent au même clan, voire aux mêmes familles que nombre des chefs de la révolte et partagent probablement leurs sentiments anti-romains. Saul et ses compagnons sont apparemment retournés à Jérusalem avec cette unité[16]. « Confiants dans ces forces, les notables, les grands prêtres et tous les citoyens épris de la paix occupent la ville haute ; car les séditieux étaient maîtres de la ville basse et du Temple[20]. » Les combats s'engagent, mais le huitième jour « la fête dite de la Xylophorie » emmène de nombreux pèlerins parmi lesquels se glissent de nombreux sicaires[20]. « Inférieurs en nombre et en audace[21] », Philippe et ses troupes sont obligés d'abandonner la ville-haute et se replient dans le Palais d'Hérode[16]. Les « notables et grands prêtres[21] » se sauvent pour certains en passant dans les égouts, alors que d'autres gagnent le palais royal avec les soldats de Philippe[21]. Parmi eux, le grand prêtre Ananias, son frère Ezéchias, ainsi que Saul, Costobar et Antipater[21]. Le lendemain, les insurgés attaquent la forteresse Antonia, s'en empare en deux jours et égorgent les soldats romains qui s'y trouvaient[22].

Les forces de Philippe se rendent à Menahem[modifier | modifier le code]

Venant de Massada, Menahem vient alors renforcer les insurgés de Jérusalem[11]. Allié à Éléazar fils d'Ananias, commandant du Temple, un des chefs zélote et fils du grand-prêtre Ananias de Zébédée[11], ils assiègent la garnison romaine et les forces de Philippe qui se défendent depuis le palais d'Hérode. Menahem se réclame dirigeant de tous les Zélotes. Il se présente à Jérusalem « paré comme un roi » selon l'expression de Flavius Josèphe et prend pendant une brève période la direction de tous les insurgés[11]. Alors que les assiégeants ont réussi à détruire un premier mur d'enceinte, les soldats dirigés par Philippe envoient des députés à Menahem « demandant à sortir par capitulation. Les insurgés n’accordèrent cette permission qu’aux soldats du roi et aux indigènes, qui sortirent en conséquence[23]. » Ivre de succès[9], Menahem et ses partisans, aidés par certains Zélotes en profitent pour éliminer beaucoup de modérés, partisans d'un compromis avec les Romains[11]. Il fait ainsi tuer plusieurs personnalités de Jérusalem dont l'ancien grand-prêtre Ananias, père de son allié[24] et son frère Ézéchias[11] (août 66[25]) (Guerre des Juifs, II, § 441). Ces deux notables n'ont pas eu le temps de se replier dans les tours qu'occupent désormais les restes de la cohorte romaine laissés seuls pour faire face aux insurgés[Note 4].

Mais très vite Éléazar fils d'Ananias fomente une conspiration pour se débarrasser de son ennemi et rival. Ses anciens alliés du parti zélote le soupçonnent « d'avoir des prétentions à la royauté d'un type plus ou moins messianique[11] » et veulent aussi probablement venger la mort du père et de l'oncle de leur chef[11] (Ezéchias). Ils attaquent par surprise Menahem et ses partisans à coup de pierres alors que celui-ci se rend en grande pompe au Temple[9]. « La lapidation était la manifestation d'un déni de légitimité[9]. » Il parvient toutefois à s'échapper et se cache sur le versant de l'Ophel où il est capturé. Il est torturé et exécuté en même temps que ses gardes[9],[26]. Cet assassinat provoque l'émiettement de la révolte en plusieurs bandes rivales, ouvrant ainsi une guerre civile sans pitié entre les différentes sectes juives[11]. Les partisans de Menahem se replient alors dans la forteresse de Massada sous les ordres d'un petit-fils de Judas de Gamala, Eleazar Ben Yair (Éléazar fils de Jaïr) qui devient le chef des Sicaires[11].

À bout de résistance, les soldats romains dirigés par le préfet Metilius[Note 5] envoient des députés auprès d'Eléazar, « lui demandant seulement d'obtenir par capitulation, la vie sauve, et offrant de livrer leurs armes et tout leur matériel[27] »[Note 6]. Les révoltés, saisissent au vol cette requête, mais dès que les soldats romains désarmés commencent à se diriger vers Césarée maritime « les gens d'Eléazar se jettent sur eux, les entourent et les massacrent[27]. » Seul le préfet Metilius conserve sa vie sauve car il accepte « de se faire Juif, voire de se laisser circoncire[27] », ce qui souligne un trait caractéristique de « l'idéologie des assaillants, très attachés aux traditions ancestrales[28]. » L'intervention d'Agrippa, puis celle de ses forces pour enrayer la révolte ont été un échec total.

Échec de l'armée de Cestius Gallus[modifier | modifier le code]

« Le gouverneur de Syrie Cestius Gallus, se décide à agir en automne 66[29]. » Il réunit une forte armée de campagne d'environ 30 000 hommes[29], à laquelle s'ajoutent 6 000 hommes tirés des trois autres légions, ainsi que les forces des rois Sohaemus d'Émèse et Antiochos de Commagène. Pour sa part, Agrippa fournit 3 000 fantassins et un peu moins de deux mille chevaux[30]. La Galilée et Joppa sont rapidement pacifiées, puis la marche se poursuit vers Jérusalem[31]. Les troupes romaines s'approchent de la ville pendant la Fête des tabernacles, probablement au début d'octobre 66[31]. Quand une tentative de négocier faite par Agrippa est accueillie par un assaut, les romains contre-attaquent et mettent le siège à la ville[31]. Les insurgés se retranchent dans sa partie la mieux fortifiée et dans le Temple[31]. Ils déjouent la tentative de certains habitants qui s'étaient mis d'accord avec les romains pour leur ouvrir les portes de la ville[31]. Curieusement, alors que selon Flavius Josèphe, Jérusalem allait succomber, Cestius Gallus donne l'ordre à ses troupes de cesser le siège et de se replier vers Césarée[31]. Harcelée par les juifs durant leur retraite, en particulier dans la passe de Béthoron, les forces romaines perdent l'équivalent d'une légion[32].

Le même jour que la reddition des Romains à Jérusalem — que le Megillath Ta'anith situe le 17 Elul qui correspond au mois macédonien de Gorpiaios[33] (été 66) — la population juive de Césarée maritime est massacrée par la population grecque de la ville. À partir de ce massacre, les villes juives mènent des attaques contre les cités grecques voisines en Palestine et des expéditions de forces juives attaquent des villes de la Décapole et de la province romaine de Syrie[34],[Cit. 1]. « Pour prévenir le péril qui les menaçait eux-même » les païens des cités syriennes se mettent à massacrer les Juifs de leur ville[35],[Cit. 2].

La révolte sur le territoire d'Agrippa[modifier | modifier le code]

La relation des événements qui suivent sont racontés dans la Guerre des Juifs et sont aussi largement évoqués par Flavius Josèphe dans son Autobiographie publiée pour contrer les assertions de Justus de Tibériade. Or les deux versions sont extrêmement différentes et même contradictoires sur plusieurs points.

La reconquête de la Galilée et de Gamala[modifier | modifier le code]

Le siège et la destruction de Jérusalem, par David Roberts (1850).

Agrippa aide les Romains pendant la Grande révolte juive. Durant la campagne en Galilée (67-68), il est présent aux côtés de Vespasien et Titus à la tête de troupes auxiliaires[36]. C'est probablement à cette occasion que Titus se lie avec Bérénice[36] et qu'elle devient sa maîtresse.

Au printemps 67, Agrippa rejoint Vespasien à Antioche, avec six mille combattants[37]. Ils font alors mouvement vers Ptolemais où Titus les rejoint avec la XVe légion qu'il est allé chercher à Alexandrie[37]. Il participe à la campagne de Vespasien qui commence par prendre Gabara, où il tue tous les mâles, alors que les troupes de Flavius Josèphe ont déserté dès l'avancée des forces romaines[38]. La ville de Jotapata est ensuite prise et Flavius Josèphe est fait prisonnier[38]. Alors que Vespasien conduit ses troupes vers Césarée, il apprend la révolte des villes de Tibériade et de Tarychée (proche de la future Magdala)[38]. Les troupes romaines réduisent successivement les deux villes, mais le combat se déplace alors en une grande bataille navale sur le lac de Tibériade (septembre 67)[39]. Une partie des révoltés parvient à s'enfuir, malgré une forte tempête de nuit qui naufrage beaucoup d'embarcations[40].

Le combat se déplace alors sur l'autre rive du Lac devant la ville fortifiée de Gamala qui est restée belligérante, alors que la plupart des autres cités se sont soumises[40]. Agrippa tente une médiation alors que commence le siège de la ville[41], qui dure à peu près un mois à partir du début octobre 67[40]. Il se serait approché des remparts de la cité pour exhorter les assiégés à se rendre[42]. Mais son initiative est totalement infructueuse[41] et il est même blessé[43],[42] par un frondeur alors qu'il s'adresse aux assiégés[44],[42]. « Flavius Josèphe constate à cette occasion, combien les Juifs méprisaient le souverain; c'est à ce titre qu'ils essayent de le lapider[42]. »

Après la chute de Néron[modifier | modifier le code]

Vers juillet-août 68 parvient la nouvelle de la mort de Néron[45]. Vespasien décide alors de suspendre les opérations militaires pour voir l'évolution de la situation[45]. Quand parvient la nouvelle de l'acclamation de Galba, Vespasien envoie Titus saluer le nouvel empereur[46] et Agrippa l'accompagne[45]. En chemin – apparemment alors qu'ils sont encore dans la zone de la Grèce – ils apprennent que Galba vient d'être assassiné par Othon (probablement vers janvier 69)[45]. Titus décide alors de rebrousser chemin et de rejoindre son père à Césarée[45], la désignation d'Othon remettant en cause sa mission[46]. Agrippa poursuit seul son voyage jusqu'à Rome[47],[Cit. 3]. C'est à cette occasion que nous apprenons l'existence de la liaison entre le futur empereur Titus et la reine Bérénice[Cit. 4], universellement connue grâce à la tragédie de Racine et à la « comédie héroïque » de Corneille. Tacite indique que certains attribuèrent le retour de Titus « à un désir extrême de revoir Bérénice[Cit. 4] » et que « son jeune cœur n'était pas insensible aux attraits de cette reine[Cit. 4]. » À part cette mention, il n'y a que deux autres historiens antiques qui évoquent cette liaison : Suétone (Titus, 7, 1) et l'historien tardif Dion Cassius (Histoire Romaine, LXVI, 15)[48]. Juvénal en parle aussi dans ses Satires (Satires, VI), tandis que Flavius Josèphe, — qui a besoin de l'imprimatur de Titus pour pouvoir publier — n'en dit pas un mot dans toute son œuvre[48].

Alors qu'Agrippa se trouve à Rome, il est « secrètement averti par les siens[49] » de la conspiration en faveur de Vespasien[49]. Il sort alors de Rome « avant que Vitellius n'ait encore rien appris[49]. » Le 1er juillet 69, le préfet d'Égypte Tibère Alexandre — ex beau-frère d'Agrippa II, qui avait été procurateur de Judée de 46 à 48 — fait jurer fidélité à Vespasien par ses légions. Selon Tacite, Bérénice, la sœur d'Agrippa, fait alors de riches cadeaux à Vespasien[36]. « Après une rapide navigation[49] », Agrippa se joint aux rois clients qui s'étaient déjà ralliés. Tandis que Vespasien attend à Alexandrie, le gouverneur de Syrie Mucien marche sur Rome et fait proclamer Vespasien empereur le 20 décembre 69. Vespasien administre l'Empire depuis Alexandrie, laisse Titus à la tête de ses légions, en lui enjoignant Tiberius Alexander et attend la chute de Jérusalem pour rentrer à Rome.

Siège de Jérusalem[modifier | modifier le code]

L'armée d'Agrippa soutient les forces romaines lors du siège de Jérusalem (de Pessa'h jusqu'à l'été 70), la chute de la ville et la destruction du Temple de Jérusalem (fin août 70), même si lui-même n'est jamais mentionné par Flavius Josèphe au cours du siège. En 67, il avait reçu magnifiquement Vespasien à Césarée de Philippe, sa capitale. Après la chute de Jérusalem il y reçoit à nouveau Titus et il y célèbre de grands jeux en l'honneur de cette toute récente victoire[43].

Simon Bar-Giora, rival de Jean de Gischala, prend alors position dans Jérusalem pendant que les Romains assiègent la ville.

Les troupes de Titus attaquent Jérusalem par le nord (30 mai 70), prennent la première puis la seconde muraille. Jean de Gischala défend l’Antonia et le Temple et Simon Bar-Giora la ville haute. Titus renforce le siège (juillet). La famine se fait sentir. Le 6 août, les sacrifices quotidiens dans le Temple cessent. Titus s’empare de l’Antonia et brûle les portes extérieures du Temple, puis attaque le Temple qui est complètement brûlé (28 août). Il s’empare enfin de la ville haute où s’étaient réfugiés Simon Bar-Giora et Jean de Gischala. Jérusalem est rasée, sauf les trois tours du palais d’Hérode (Hippicus, Phasaél et Mariamne) et une partie de la muraille.

Le culte sacrificiel cesse d’être célébré. À l’automne 70, des milliers de prisonniers juifs sont tués[réf. nécessaire] dans des spectacles publics à Césarée[50].

En 71, Titus part célébrer son triomphe à Rome. Il laisse au nouveau gouverneur de Judée, Lucilius Bassus le soin de réduire les dernières forteresses (Hérodion, Machéronte et Massada).


À la demande de Bérénice, après la reconquête de la Galilée par les Romains, Agrippa protège Juste de Tibériade dont Vespasien réclame l'exécution, pour son engagement aux côtés des révoltés juifs. Bérénice obtient alors de son frère que celui-ci en fasse son secrétaire pour le mettre à l'abri. Selon son ennemi Flavius Josèphe, il s'en séparera peu après[51].

Selon Christian-Georges Schwentzel, Agrippa ne joue qu'un rôle secondaire dans les événements de son règne. Il n'y assiste le plus souvent qu'en spectateur et ses tentatives d'influer sur le cours des événements demeurent infructueuses[52].

La chute du Temple et la prise de Jérusalem[modifier | modifier le code]

Titus met donc le siège devant Jérusalem peu avant la Pâque 70. Il a avec lui quatre légions qu'il dispose d'abord sur les collines entourant Jérusalem, le mont Scopus et le mont des Oliviers. Malgré la gravité de la situation, les Juifs ne s'entendent toujours pas et Jean profite de ce qu'Eléazar laisse les pèlerins venir au Temple célébrer la Pâque, pour y introduire ses hommes et s'en emparer, éliminant ainsi Éléazar[53].

Titus fait alors aplanir le terrain au pied des remparts de façon à en faciliter l'approche et construire des hélépoles (des tours roulantes) qui permettent à son armée de s'attaquer au nouveau rempart de la ville neuve, le moins haut des murs d'enceinte, situé au nord de Jérusalem. Le 25 mai 70, les troupes romaines peuvent le franchir[54], puis, cinq jours plus tard, le 30 mai, s'emparer du second rempart et de la ville neuve jusqu'au pied de la forteresse Antonia, tenue par Jean de Gischala[55].

Les Juifs de Jean de Gischala et de Simon bar Giora infligent encore aux Romains de lourdes pertes et Titus décide alors de construire autour de Jérusalem une muraille de 7 kilomètres de long pour mieux isoler la ville. Jérusalem possédait des provisions pour tenir le siège durant des années. Cependant, pour « motiver » les habitants au combat, les zélotes incendièrent ces provisions. La famine commence donc à faire ses ravages : « Les terrasses étaient encombrées de femmes et de petits enfants exténués, les ruelles de vieillards morts ; des garçons et des jeunes gens erraient comme des fantômes, le corps tuméfié. Sur les places, ils tombaient là où le fléau les accablait. Les malades n'avaient pas la force d'ensevelir les cadavres de leurs proches ; ceux qui étaient encore vigoureux différaient ce soin, effrayés par la multitude des cadavres et l'incertitude de leur propre sort ; beaucoup tombaient morts sur ceux qu'ils ensevelissaient ; beaucoup, avant que fût venu pour eux le moment fatal, succombaient dans ce labeur »[56].

Josèphe, qui, selon son propre récit, bénéficie de la protection des Romains pour avoir prédit plus tôt l'Empire à Vespasien, essaye de persuader ses compatriotes d'abandonner la lutte en les haranguant vainement du pied des remparts, ce qui lui vaut une blessure à la tête dont il se remet rapidement[56].

Le 20 juillet, les Romains réussissent à percer une brèche dans le rempart, pour se retrouver devant un nouveau rempart qui avait été construit à la hâte par les assiégés[57]. Les Romains s'emparent ensuite de la tour Antonia qui est rasée.

Une fois encore, Titus dépêche Josèphe à Jean de Gischala pour lui demander de se rendre, de « cesser de souiller le sanctuaire et d'offenser Dieu » tout en l'autorisant à reprendre les sacrifices[57]. Si Jean ne l'entend pas, d'autres parmi les notables choisissent de fuir la ville.

De la tour Antonia, les Romains construisent une rampe d'accès à l'esplanade du Temple et progressent malgré la résistance des Juifs qui, pour les repousser, mettent le feu aux différents portiques qui entourent le Temple. En ce moment de la fin du siège quand les sacrifices quotidiens avaient cessé dans le Temple, la famine atteint en ville son point culminant : « en dernier lieu, ils usèrent du cuir de leurs ceintures et de leurs sandales ; ils grattèrent, pour la mâcher, la peau de leurs boucliers. D'autres se nourrirent de brindilles de vieux foin ». Josèphe cite aussi un cas de cannibalisme où une mère cuit et dévore son bébé.

Les combats redoublent d'intensité dans les derniers jours d'août 70. Selon Josèphe, Titus réunit alors un conseil de guerre pour décider du sort du Temple, qu'il conclut en disant qu'il « ne brûlerait jamais un si bel ouvrage »[57] mais cette version laisse sceptique d'autres historiens qui croient beaucoup plus à la responsabilité de Titus dans l'incendie du Temple[58]. Finalement, le 29 août (10 du mois de Loos, selon Flavius Josèphe), quand les Romains s'approchent du Temple, un légionnaire jette un brandon dans le Temple qui s'embrase, et malgré les ordres de Titus, les Romains ne peuvent éteindre l'incendie[57].

La destruction du Temple ne donne pas le contrôle de la ville aux Romains. Une fois encore, selon Josèphe, Titus s'adresse aux Juifs, et plus particulièrement à Simon et à Jean, et exige leur reddition en échange de la vie sauve. Mais comme ceux-ci posent leurs conditions et demandent à pouvoir fuir au désert, Titus ordonne de prendre et piller la ville à laquelle les Romains donnent l'assaut le 25 septembre (8 du mois de Gorpiée selon Flavius Josèphe) en massacrant la population et en incendiant la ville. Simon bar Giora et Jean de Gischala sont faits prisonniers.

La ville est rasée, seuls en subsistent ce qui constitue aujourd'hui le mur occidental et les tours Hippicus, Mariamme et Phasaël appelée aujourd'hui la tour de David.

Selon Flavius Josèphe, le nombre de prisonniers de guerre s'élève à 97 000 et le nombre de morts pendant le siège à 1 100 000, ce qui peut paraître exagéré même s'il faut se rappeler que le siège a commencé peu avant la Pâque, fête de pèlerinage où les Juifs avaient l'habitude de se rendre à Jérusalem. 700 prisonniers[59], dont Simon bar Giora et Jean de Gischala, sont emmenés à Rome pour le triomphe de Titus. Jean de Gischala meurt en prison et Simon bar Giora est exécuté après le triomphe.

Les forces en présence[modifier | modifier le code]

Les forces romaines[modifier | modifier le code]

Titus est secondé par Tibère Alexandre, apostat du judaïsme, ancien procurateur de Judée, qui connaît donc la région et qui a déjà massacré des Juifs à Alexandrie en tant que préfet d'Égypte sous Néron[60]. Il fut aussi un des premiers partisans de Vespasien dans sa lutte pour l'Empire. Ils sont à la tête de quatre légions soit environ 24 000 hommes, doublés par autant de soldats recrutés par Titus et encore renforcés par 5 000 hommes de l'armée d'Alexandrie et des garnisons de l'Euphrate, soit plus de 50 000 hommes[56], ou même 80 000 hommes selon Graetz[61].

Les factions juives[modifier | modifier le code]

Selon Heinrich Graetz, c'est 24 000 hommes que les Juifs peuvent opposer aux Romains, mais ils appartiennent à des factions antagonistes et obéissent à de multiples chefs qui se sont entre-tués dans une féroce guerre civile[61].

La famille royale hérodienne[modifier | modifier le code]

Complètement romanisé, Hérode Agrippa II règne sur une grande partie de la région y compris la Galilée mais en Judée, ce sont les procurateurs qui exercent le pouvoir. En 66, il se rend à Jérusalem pour appeler les Juifs à ne pas se révolter mais il n'a aucune influence et rejoint avec ses troupes le camp romain[62]. Quant à sa sœur Bérénice, elle favorise les Flaviens et deviendra même la maîtresse de Titus, au point d'espérer l'épouser[63].

Le Sanhédrin, les pharisiens et les sadducéens[modifier | modifier le code]

Le Sanhédrin est l'assemblée des Sages qui détient le pouvoir religieux et administre la justice. Bien que le plus souvent opposés au pouvoir royal, ses membres sont, depuis toujours, assez lucides pour comprendre qu'une politique de refus total du pouvoir romain n'a guère de chances de réussir. Ils ne parviennent cependant pas à imposer leur point de vue face aux zélotes. Ils appartiennent souvent au parti des pharisiens fidèles à la Torah et à la tradition orale naissante qui deviendra le Talmud. Le Nassi (président du Sanhédrin) est Shimon ben Gamliel I qui meurt avant la fin de la révolte, peut-être exécuté par les Romains[64]. Un autre de ses membres illustres est Yohanan ben Zakkaï qui parvient à contourner le siège (caché, selon la tradition, dans un cercueil) et aurait obtenu de Vespasien lui-même, ou plus vraisemblablement de Titus, le droit de reconstituer un Sanhédrin à Yavné, où il jette les bases du judaïsme rabbinique.

Les autres membres influents du Sanhédrin sont les sadducéens qui représentent l'école de pensée opposée aux pharisiens d'un point de vue théologique, car ils ne reconnaissent que la Torah écrite et nient toute doctrine qui ne s'y trouve pas explicitement comme l'immortalité de l'âme. Cependant, ils s'en rapprochent sur le plan politique, face aux Romains et aux zélotes. L'un de leurs dirigeants, l'ancien grand-prêtre Anan ben Anan est massacré à l'instigation des zélotes quelque temps avant le siège[65].

Les pharisiens qui ont assumé la direction de la révolte après la victoire de Beth-Horon, deviennent plutôt partisans de la paix après la perte de la Galilée mais ce sont alors les zélotes qui prennent le pouvoir à Jérusalem[66].

Les zélotes et les sicaires[modifier | modifier le code]

Flavius Josèphe (qui est, selon Heinrich Graetz, partie prenante dans le conflit et tend à noircir ses adversaires afin de mettre en valeur son rôle pacificateur[67]) définit les zélotes comme la quatrième secte juive (après les pharisiens, les sadducéens et les esséniens) : ils « s'accordent en général avec la doctrine des pharisiens, mais ils ont un invincible amour de la liberté, car ils jugent que Dieu est le seul chef et le seul maître. Les genres de mort les plus extraordinaires, les supplices de leurs parents et amis les laissent indifférents, pourvu qu'ils n'aient à appeler aucun homme du nom de maître »[68].

Ils étaient apparus pour s'opposer au recensement du procurateur Quirinius en l'an 6 de l'ère commune. Ils refusent donc le pouvoir des Romains, mais aussi celui de tout Juif prêt à une solution de compromis avec les Romains et même celui d'autres zélotes. Les plus dangereux d'entre eux étaient les sicaires qui tuaient leurs adversaires avec un court poignard appelé sica par les Romains[60],[69]. Les zélotes sont dirigés par certains prêtres du Temple qui constitue leur forteresse alors que les Sicaires, derrière Menahem (assassiné en septembre 66[60]) puis Éléazar Ben Yair, s'appuient sur la forteresse de Massada[70]. Zélotes et sicaires sont à l'origine de la féroce guerre civile qui affaiblit tant les Juifs durant toute la révolte contre les Romains, encore que Graetz accuse Josèphe d'être lui-même à l'origine de la guerre civile qui a facilité la reconquête de la Galilée par les Romains[67].

La guerre civile[modifier | modifier le code]

Plaque de Mamertinum (ancienne prison romaine) où figure le nom d'illustres prisonniers exécutés au triomphe de Rome, dont celui de Bar-Giora

La guerre civile affaiblit les Juifs durant quasiment toute la révolte contre les Romains. Il y a d'abord l'opposition en Galilée entre les partisans du compromis dirigés par Flavius Josèphe, nommé gouverneur de Galilée par le Sanhédrin, mais aussi fidèle du roi Hérode Agrippa II, lui-même intronisé par les Romains, et les zélotes menés par Jean de Gischala. Josèphe s'étant rendu aux Romains, la campagne menée par Vespasien s'achève en 67 par la prise de la forteresse de Gamla, désastreuse pour les Juifs, puis de Gischala[67] (de l'hébreu Goush Halav).

Jean de Gischala réussit toutefois à échapper aux Romains et retourne avec quelques partisans à Jérusalem où l'hostilité contre Josèphe, passé à l'ennemi, et contre le Sanhédrin qui a nommé Josèphe augmente de jour en jour. Les zélotes, sous la conduite de Jean de Gischala, arrachent alors le pouvoir aux pharisiens dans Jérusalem[66]. Dans une provocation contre le Sanhédrin et les plus modérés, ils nomment un inconnu comme nouveau grand-prêtre. Cette insulte aux cohanim amène Anan ben Anan à décider la lutte armée contre les zélotes. Le combat sanglant fait huit mille morts[71] dont Anan ben Anan et d'autres Cohanim. Puis Jean de Gischala prend le pouvoir dans Jérusalem aux dépens du Sanhédrin[61].

Le parti des prêtres et des aristocrates fait alors appel à Simon Bar-Giora, un des vainqueurs de Beth-Horon, réfugié dans la forteresse de Massada qui, à la tête de ses troupes et d'Iduméens, vient combattre Jean de Gischala en avril 68, sans arriver à expulser les zélotes du Temple. Bar-Giora sera décapité à Rome.

Au début du siège, au printemps 70, Jérusalem est tenue par trois factions zélotes dirigées par Éléazar ben Simon, un autre des vainqueurs de Beth-Horon, dont la forteresse est la cour intérieure du Temple, par Simon Bar-Giora qui tient la ville haute et une partie de la ville basse, et par Jean de Gischala qui tient le mont du Temple[72]. Selon Tacite, « ce n'était entre eux que combats, trahisons, incendies et une partie du blé avait été dévorée par les flammes »[73].

Le siège de Jérusalem[modifier | modifier le code]

Simon Bar-Giora, rival de Jean de Gischala, prend alors position dans Jérusalem pendant que les Romains assiègent la ville.

Les troupes de Titus attaquent Jérusalem par le nord (30 mai 70), prennent la première puis la seconde muraille. Jean de Gischala défend l’Antonia et le Temple et Simon Bar-Giora la ville haute. Titus renforce le siège (juillet). La famine se fait sentir. Le 6 août, les sacrifices quotidiens dans le Temple cessent. Titus s’empare de l’Antonia et brûle les portes extérieures du Temple, puis attaque le Temple qui est complètement brûlé (28 août). Il s’empare enfin de la ville haute où s’étaient réfugiés Simon Bar-Giora et Jean de Gischala. Jérusalem est rasée, sauf les trois tours du palais d’Hérode (Hippicus, Phasaél et Mariamne) et une partie de la muraille.

Les Romains créent la province de Judée, distincte de la province de Syrie. Le Sanhédrin est dissous. Le culte sacrificiel cesse d’être célébré. À l’automne 70, des milliers de prisonniers juifs sont tués[réf. nécessaire] dans des spectacles publics à Césarée[74].

En 71, Titus part célébrer son triomphe à Rome. Il laisse au nouveau gouverneur de Judée, Lucilius Bassus le soin de réduire les dernières forteresses (Hérodion, Machéronte et Massada).

Le siège de Massada[modifier | modifier le code]

En 73, le gouverneur de Judée Lucius Flavius Silva assiège Massada, dernière place de résistance juive. La forteresse est défendue par des sicaires dirigés par Éléazar, fils de Yaïr, descendant de Judas le Galiléen. Selon le récit de Flavius Josèphe, les défenseurs de la forteresse se tuent les uns les autres (car il est interdit de se suicider dans la religion juive, seul le dernier survivant se suicidant) plutôt que de se rendre aux Romains (avril 74).

Les conséquences de la victoire romaine[modifier | modifier le code]

Le butin tiré du pillage de Jérusalem et de son temple fut présenté au peuple romain à l'occasion du triomphe de Vespasien et Titus et représenté sur l'arc de triomphe de ce dernier.

La destruction du Second Temple marque la fin de l’État hébreu à l’époque ancienne. Cependant les samaritains, en grande partie épargnés par la guerre civile s’établissent dans de nombreuses villes côtières avec pour sanctuaire le mont Garizim (jusqu’en 484). Les sadducéens, en partie massacrés, perdent toute influence. Les esséniens semblent disparaître. Leur influence continue peut-être à se faire sentir dans la diaspora où elle a pu marquer certaines communautés chrétiennes. La plupart des zélotes disparaissent dans les combats de 6674.

Les pharisiens se réorganisent rapidement, instituant une école et un grand conseil à Jamnia (Yabneh), près de Jaffa. Ce conseil remplace le Sanhédrin et réorganise le judaïsme autour de la Torah. Cette branche engendre le judaïsme rabbinique.

Les combats, et surtout la victoire romaine entraînèrent des déplacements de populations : selon Flavius Josèphe, de nombreux Juifs furent faits prisonniers, réduits en esclavage et déportés vers Rome. La province de Judée changea de statut, devenant une province proprétorienne et reçut une garnison plus forte.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Flavius Josèphe, La guerre des Juifs, II.8.11, II.13.7, II.14.4, II.14.5.
  2. a b c d e et f Schwentzel 2011, p. 261.
  3. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, XIV, 6.
  4. (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 447.
  5. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 271.
  6. a b c d et e Cohen 2002, p. 190.
  7. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Schwentzel_2013_p164
  8. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 262.
  9. a b c d et e Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 174.
  10. Pour le débat à ce sujet, voir Cohen 2002, p. 193.
  11. a b c d e f g h i j et k Mimouni 2012, p. 448.
  12. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 446.
  13. Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 172.
  14. a b et c Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 2.
  15. Cohen 2002, p. 160-161.
  16. a b c et d Cohen 2002, p. 161.
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  20. a et b Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 5.
  21. a b c et d Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 6.
  22. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 7.
  23. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 8.
  24. Jona Lendering, Messianic claimants : Menahem, consulté le 23/01/2010
  25. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 463.
  26. Flavius Josèphe, La guerre des Juifs, II. chapitre 17, §§ 8-10.
  27. a b et c Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVII, 10.
  28. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 461.
  29. a et b Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 462.
  30. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVIII, 9, (499).
  31. a b c d e et f (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 449.
  32. (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 450.
  33. Cohen 2002, p. 3.
  34. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVIII, 1.
  35. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, II, XVIII, 2-5.
  36. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 276.
  37. a et b (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 454.
  38. a b et c (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 455.
  39. (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 455-456.
  40. a b et c (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 456.
  41. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 264.
  42. a b c et d Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Schwentzel_2013_p165
  43. a et b Mimouni 2012, p. 411.
  44. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, § 523-525, cité par Simon Claude Mimouni, 2012, op. cit., p. 411.
  45. a b c d et e (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 457.
  46. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 275.
  47. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre IV, IX, 2.
  48. a et b Schwentzel et 2011 275.
  49. a b c et d Tacite, Histoires, livre II, 81.
  50. Flavius Josèphe, « Guerre des Juifs, livre IV (traduction) », sur remacle.org (consulté le ).
  51. Martin Goodman, Rome et Jérusalem, éd. Perrin/Tempus, 2009, p. 498.
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  53. Poznanski 1997, p. 74.
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  56. a b et c Josèphe 75, livre V.
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  58. Vidal-Naquet 1976, p. 109.
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  60. a b et c Josèphe 75, livre II.
  61. a b et c Heinrich Graetz, « Histoire des Juifs, 2, 3, XIX » [archive du ].
  62. (en) « Agrippa II », sur Jewish Virtual Library.
  63. Dion Cassius, « Histoire romaine, livre 66 », sur Philippe Remacle.
  64. (en) Wilhelm Bacher & Jacob Zallel Lauterbach, « Simeon II. (ben Gamaliel I) », Jewish Encyclopedia.
  65. (en) Alexander Büchler, « Anan, son of Anan », Jewish Encyclopedia.
  66. a et b Poznanski 1997, p. 62-63.
  67. a b et c Heinrich Graetz, « Histoire des Juifs, 2, 3, XVIII ».
  68. Flavius Josèphe, « [[Antiquités judaïques]], XVIII,1 », sur site de Philippe Remacle.
  69. Flavius Josèphe, « [[Antiquités judaïques]], XX,8 », sur site de Philippe Remacle.
  70. Stern 2008.
  71. Josèphe 75, Livre IV, 5, 1.
  72. Poznanski 1997, p. 71.
  73. Vidal-Naquet 1976, p. 103.
  74. Flavius Josèphe, « Guerre des Juifs, livre IV (traduction) », sur remacle.org (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]


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